Le Maroc dans l’histoire, la France en force

Les affiches des demi-finales de cette Coupe du Monde sont désormais connues, et l’issue de cette compétition réservera quoiqu’il arrive un scénario épique. La première Coupe du Monde gagnée par Lionel Messi avec l’Argentine, la première tout court pour la Croatie, le doublé extraordinaire pour la France, ou la première du continent africain avec le Maroc. L’équipe de Regragui a poursuivi son parcours héroïque en éliminant le Portugal, tandis que la France a sorti l’Angleterre.

Match après match, surprise après surprise, le Maroc continue d’avancer et de faire plier les favoris de ce tournoi. Malgré une phase de groupes compliquée, avec un finaliste et un demi-finaliste de l’édition 2018 (la Croatie et la Belgique), le Maroc s’est extirpé de ce groupe à la première place. Un statut qui n’a pas épargné cette nation avec un huitième de finale face à l’Espagne puis un quart de finale face au Portugal. Le Maroc a également franchi ces deux tours à élimination directe, et malgré un match moins maitrisé face au Portugal il existe toujours cette capacité à ne pas encaisser de but. Le seul but marqué jusqu’à présent contre le Maroc est l’œuvre du Maroc lui-même avec un CSC face au Canada et il s’agit d’une donnée qui va au-delà des individualités puisque le seul Hakimi a terminé l’opposition contre le Portugal.

Des quatre défenseurs il ne restait que lui après les blessures de Mazraoui, Aguerd, et Saiss, mais le Maroc n’a jamais encaissé de but ce qui est la preuve d’une mise en place tactique aboutie particulièrement aboutie et réussie. Regragui ne fait pas du Vahid, même si certains préceptes sont identiques, mais le nouvel entraineur du Maroc a imposé sa vision du foot avec des individualités extrêmement fortes qui permettent à cette équipe d’être bien plus complète qu’un simple bloc défensif. Comme face à l’Espagne, le Maroc est parvenu à enchainer des séquences de conservation grâce à Zyech, Hakimi, Amrabat, Ounahi, Boufal, des joueurs capables d’évoluer avec ballon ce qui effraie (à tort) beaucoup d’entraineurs mais pas Regragui.

En plus de ne pas subir sur la totalité du match, le Maroc a également exploité la première faille adverse avec une sortie ratée du gardien Diogo Costa dont l’attaquant En Nesyri a parfaitement profité. La deuxième période a été plus compliquée, avec une domination quasi-totale du Portugal, mais quand les joueurs de Fernando Santos n’ont pas loupé le cadre comme en première période ou comme Pepe au bout des arrêts de jeu, c’est le dernier rempart Bounou qui a tout repoussé. Dans sa quête de fermeture des espaces, dans sa volonté d’être solide dans sa moitié de terrain, le Maroc a été légèrement plus friable face au Portugal mais l’adversaire n’a jamais su profiter de ses occasions pour marquer. Ni Gonçalo Ramos, ni Cristiano Ronaldo, ni les milieux offensifs n’ont pu être justes dans le dernier geste, et le Maroc s’avance en demi-finale vers un nouvel ogre avec le Champion du Monde en titre.

De l’efficacité et un brin de réussite pour la France

La France est particulièrement armée pour profiter des situations concédées par l’adversaire et il faudra espérer pour le Maroc que cet effectif retrouve son arrière garde afin de ne pas voir Mbappé, Giroud, Griezmann, Dembélé entre autres matérialiser une domination. Il n’a pas fallu énormément de situations aux Bleus pour faire plier l’Angleterre lors du dernier quart de finale, et malgré de la réussite lors du penalty raté par Harry Kane à quelques minutes de la fin du match, la France s’est montrée particulièrement redoutable sur ses quelques occasions. Une ouverture du score précoce grâce à une frappe lointaine de Tchouameni, puis un bloc tricolore qui a souffert face aux assauts anglais. Hugo Lloris a été décisif plusieurs fois, ce que n’a pas su faire Jordan Pickford, mais l’Angleterre est finalement parvenue à concrétiser sa domination sur un penalty obtenu par Bukayo Saka.

Harry Kane a logiquement égalisé mais son équipe n’a jamais cherché à mettre la même pression dans la moitié de terrain tricolore à la suite de ce but. La France a pu retrouver une certaine maitrise et forcément a pu mettre en avant ses atouts offensifs qui sont nombreux. C’est Griezmann qui a délivré un énième caviar sur la tête d’un Olivier Giroud qui a posé de gros problèmes à la défense centrale anglaise et notamment Maguire. Même si la France ne s’est pas procuré une multitude de situations, même si l’arme nucléaire qu’est Mbappé a été particulièrement bien muselée par Walker et qu’il n’a pas pu rentrer dans l’axe à cause d’un bloc bleu qui s’est rapidement regroupé très bas, cette équipe a su se montrer efficace face au but.

Il a également fallu un brin de réussite quand Kane a raté son deuxième penalty pour éviter une prolongation qui aurait été suffocante, mais globalement l’équipe de France est armée pour réaliser un exploit retentissant : celui de conserver son titre de Champion du Monde ce qui n’a pas été fait depuis 60 ans. Il reste deux obstacles à cela, le Maroc qui est déjà entré dans l’histoire comme la première équipe du continent africain à se qualifier pour les demi-finales, puis une finale face à l’Argentine ou la Croatie. Le pays qui a inventé ce sport, lui, est déjà dehors. L’Angleterre rentre à la maison mais sans le trophée inventé par un Français.

 Emmanuel Trumer