En parvenant à venir à bout du Maroc ce mercredi soir, l’Équipe de France s’est qualifiée pour la finale de la Coupe du Monde et rejoint l’Argentine pour une affiche qui promet déjà. Entre les individualités, et forcément le duel entre Kylian Mbappé et Lionel Messi qui va monopoliser l’attention, et deux équipes qui se retrouvent après la confrontation de 2018. Il faudra que la France montre un tout autre niveau dans le contenu, après une demi-finale offerte par le Maroc.
Est-ce la pression d’une première demi-finale pour le continent qu’a fièrement représenté le Maroc tout au long de ce parcours en Coupe du Monde ? Est-ce l’appréhension d’un évènement qui a pour la première fois échappé à Regragui après des choix parfaits jusqu’ici ? Délicat de comprendre ce qui a nourri la réflexion du technicien avec une composition de départ qui a totalement déboussolé son équipe. L’analyse est dure et contraste forcément avec ce qu’avait proposé le Maroc pour atteindre les demi-finales de la Coupe du monde, dans une arrière-garde qui n’avait jamais plié et qui s’est retrouvée acculée en vingt minutes.
En ajoutant un défenseur central et en basculant sur un schéma à cinq défenseurs, l’entraineur Regragui a dépeuplé un milieu de terrain qui avait rayonné jusqu’à présent. Ce schéma a également complètement déséquilibré le bloc marocain dans les couloirs, un bloc habituellement si compact et qui a pris l’eau sur les rares situations françaises. Theo Hernandez a profité de l’offrande pour se retrouver absolument seul face à Bounou après quelques minutes seulement (1-0, 5e) et ouvrir le score dans un match qui s’est équilibré trop tard. Conscient de son schéma raté, Regragui a fait entrer un milieu de terrain à la place d’un défenseur central et le Maroc est alors parvenu à peser dans le jeu.
Un poteau, deux arrêts de Lloris, il y a eu des situations de revenir dans le match pour le Maroc mais surtout des regrets immenses d’avoir commencé le match avec un schéma incohérent, illogique, et dévastateur pour ses propres joueurs. En menant après cinq minutes de jeu, les Bleus ont pu laisser le ballon au Maroc et se contenter de défendre très bas sur le terrain sans encaisser de but. Mais il sera impossible pour l’Équipe de France de répéter ce contenu face à des joueurs argentins qui se régalent avec ballon et qui peuvent profiter d’une possession haute sur le terrain. Messi, mais pas que lui, est capable de transformer chaque situation à vingt mètres des buts adverses, et il nous faudra une capacité à récupérer le ballon plus haut sur le terrain pour ne pas couler défensivement.
Le Maroc a eu peur de l’évènement
En laissant les couloirs en infériorité numérique, en enlevant un milieu de terrain, en ne parvenant pas à concrétiser les quelques situations de but également, le Maroc a offert sur un plateau le match à des Bleus qui n’en demandaient pas tant. Tout ce qui a fait la force des Lions de l’Atlas a disparu ce mercredi soir, et cette équipe s’est logiquement inclinée sur un coaching gagnant de Didier Deschamps en seconde période. Ousmane Dembélé a été catastrophique dans son couloir droit, enchainant les pertes de balles et Kolo Muani n’a mis que deux minutes pour pousser le ballon au fond du but adverse en une touche quand il en faut six à Dembélé (2-0, 79e).
La France est passée ce mercredi soir, mais il va falloir une réelle réflexion tactique pour aborder le match face à l’Argentine dimanche. Le parcours du Maroc reste héroïque, et un match raté ne doit pas remettre en cause les exploits récents d’une équipe qui commence tout juste à travailler avec son sélectionneur. Un entraineur qui a cédé sous la pression mais qui a ouvert la voie pour l’avenir d’un continent qui doit s’inspirer des cinq matchs du Maroc avant celui face à la France. Le sixième restera une incompréhension. L’Argentine attend désormais les Bleus, avec le souvenir d’un match mal maitrisé en 2018 et forcément il faut s’attendre à une approche différente pour une équipe qui dispose d’un sélectionneur de tout premier plan avec Scaloni.
L’Argentine va forcément laisser moins d’espace dans son dos pour les transitions des tricolores et la vitesse de Kylian Mbappé qui avait martyrisé l’ensemble d’un onze il y a quatre ans de cela. En étant désormais capable de fermer les espaces dans sa moitié de terrain, mais en étant également capable de peser dans différents registres avec ballon (sur des contres comme deux des trois buts inscrits en demi-finale face à la Croatie, ou sur des attaques placées et un jeu de position dans la moitié de terrain adverse) l’Argentine est aujourd’hui une équipe beaucoup plus complète qu’elle ne l’était en 2018 et il faut forcément le prendre en compte. La clé se situe dans une capacité à récupérer le ballon plus rapidement pour éviter d’être acculé comme cela a pu être le cas sur de trop longues séquences face au Maroc, à garder une capacité à peser sur des transitions lorsque l’Argentine fera le jeu également bien évidemment, mais également de s’affirmer en Champion du Monde comme face à la Croatie en 2018 avec une volonté d’évoluer plus haut sur le terrain. C’est à la France de gagner la finale, car l’offrande argentine ne viendra pas.
Emmanuel Trumer