Par Emmanuel Trumer - Publié le
Après des décennies de disette, 48 ans sans trophée précisément, et des frustrations parfois très grandes, le Stade Rennais est parvenu à remporter un titre cette saison avec la Coupe de France. En battant le Paris Saint-Germain au Stade de France, en finale, l’équipe de Julien Stéphan s’est offert la consécration et a parachevé une saison très réussie qui aura également vu le SRFC atteindre les 8ede finale de la Ligue Europa. Une année qui avait pourtant commencé dans la difficulté.
Tout est allé très vite pour Rennes, club devenu comme maudit au fil des années et des choix qui ont enlisé le plus puissant des clubs bretons dans une sorte de spirale négative sans fin. C’était sans compter sur l’arrivée d’un Président qui allait imposer une vision nouvelle, et surtout assumer son rôle pour chambouler rapidement un projet qui ne décollait pas. Olivier Létang, actuel Président du Stade Rennais arrive en Bretagne à l’hiver 2017, pour reprendre un projet qui se cherche un sens et auquel l’ancien dirigeant du PSG va répondre intelligemment. Létang sait qu’il ne dispose pas à Rennes, des moyens confortables qu’il a pu connaitre au PSG, et se lance alors dans un rajeunissement de l’effectif qui a pour but de donner un nouvel élan au club.
Le premier choix de technicien en la personne de Sabri Lamouchi sur le banc rennais sonne d’abord comme une bonne idée avec des résultats intéressants sur les six premiers mois et puis lorsque les problèmes apparaissent au début de saison, un début catastrophique pour Rennes qui se retrouve en bas de tableau, Lamouchi semble comme incapable de trouver des solutions. Celles avancées sont purement défensives et Rennes se passe alors de joueurs comme Niang ou Siebatcheu, et globalement de trop de forces vives pour espérer rebondir. Bourigeaud n’est alors pas encore en vue, et l’âme rennaise n’est pas encore née. Elle va prendre corps lorsque le Président va annoncer rapidement un nouveau changement, celui peu commun il faut l’avouer de nommer comme entraineur un novice en la personne de Julien Stéphan. Longtemps courtisé par Monaco et Henry, Stéphan reste finalement à Monaco et se voit offrir les clés de l’équipe première. Julien Stéphan a auparavant connu les équipes de jeunes, la réserve bretonne également en tant qu’entraîneur, mais son premier mandat chez les professionnels sera une révélation.
Immédiatement, le changement est palpable et Stéphan aligne des compositions d’équipes plus audacieuses. Avec un milieu de terrain composé de Benjamin André et Clément Grenier ou Benjamin Bourigeaud lorsqu’il évolue un cran plus bas, et des systèmes offensifs composés de Sarr, Ben Arfa, Niang, Siebatcheu, et Hunou. Stéphan utilise la totalité de ses forces et son idée du football est basée sur la construction du jeu avec ballon, mais également une capacité à pouvoir encaisser les coups défensivement pour se projeter rapidement en contre. Souvent dans un 4-2-3-1 qui peut se transformer en 4-4-2 selon les contextes de matches, jamais Stéphan ne sera renié dans ses idées et aura emmené avec lui un groupe retrouvé. Bien entendu et cela est logique, le titre acquis en Coupe de France restera comme l’exploit majeur de la saison rennaise, dans une rencontre ou rien ne semblait sourire à une équipe menée 2-0 et qui a su tout renverser. Mais l’évolution de certains joueurs doit également être mise en avant.
Un apport conséquent et immédiat
La métamorphose a été flagrante pour un joueur comme Benjamin Bourigeaud, dont les qualités étaient déjà visibles mais qui n’arrivait pas jusque-là à exprimer tout son talent. C’est désormais chose faite cette année et de manière spectaculaire puisque quelques-uns des buts de Bourigeaud cette saison sont d’une grande beauté comme face à Arsenal. Bourigeaud, c’est l’image de Stéphan sur le terrain : talentueux et travailleur. Un joueur capable de travailler défensivement pour soulager son équipe, mais également de créer du danger de par ses courses, ses qualités balle au pied, et une frappe de balle très intéressante. L’évolution d’un joueur comme Benjamin André est également à noter. Longtemps le milieu de terrain rennais aura été le joueur qui récupère le plus de ballons dans les cinq grands championnats européens. Sans jamais empiéter sur sa qualité technique et notamment les coups de pieds arrêtés. A cela, il fallait également ajouter un Ben Arfa revanchard mais pas toujours concentré sur l’objectif collectif, et c’est une autre mission réussie pour Stéphan. Même si la saison de l’ancien joueur du PSG n’est pas éblouissante connaissant les qualités de ce joueur, il a tout de même apporté et son expérience a compté.
A l’heure du bilan il y a donc une Coupe de France, un parcours très honorable et qui aura rendu fier les supporters rennais en Coupe d’Europe, et un vestiaire régénéré par l’arrivée de Julien Stéphan. Après un an et demi à la tête du club rennais, Olivier Létang peut être satisfait de ses choix, car après tout, pour lui aussi il s’agit d’une première expérience de Président. Une première expérience qui l’aura vu rafler un titre au nez à et la barbe du PSG, son ancien club, avec un Hatem Ben Arfa en provenance du PSG, mais surtout avec un technicien dont l’avenir semble radieux et promis aux plus hautes sphères. Son père et adjoint de Didier Deschamps, Guy Stéphan, est bien Champion du monde.
Emmanuel Trumer
