L’OM n’avait pas les épaules

Battu par Tottenham lors de l’ultime journée de la phase de groupes de la Ligue des Champions (1-2), Marseille a échoué à se qualifier pour les huitièmes de finale. Pire, l’OM termine dernier de son groupe et est donc éliminé de toute compétition européenne. Malgré une première période plutôt intéressante dans le contenu, le petit but d’avance inscrit par Chancel Mbemba n’a pas tenu. Un échec global, qui porte la marque d’une multiplication des erreurs. Dans l’appréhension de cette équipe phocéenne, et dans le sentiment d’une supériorité qui n’existe pourtant pas.

Les jambes doivent être lourdes, les têtes confuses, en ce lendemain de désillusion européenne pour l’OM. Avec un stade Vélodrome incandescent, Marseille se devait de l’emporter pour atteindre le tour suivant. Une donne assez simple avant le match : les trois points et une qualification au tour suivant de la Ligue des Champions. Marseille a plutôt bien entamé cet objectif lors du premier acte, dans le contenu, malgré une composition de départ concoctée par Igor Tudor qui interroge toujours. Alors que son équipe sortait d’un contenu plus abouti à Strasbourg avec le seul point obtenu sur les six derniers matchs, Igor Tudor a choisi de passer en force. Un échec total, en revenant à l’idée précédente. Il y avait bien Suarez, mais à vrai dire son niveau est très faible. La logique qui a amené Tudor a préféré le schéma tactique qui a abouti sur cinq défaites, et a écarté l’idée qui a pourtant amené le seul point dans la besace, est une idée très étonnante pour ne pas dire plus. Tudor a montré les limites d’un entraineur qui puise sa vision dans celle d’un professeur de sport plus qu’un technicien de football.

Cela pose également la question d’une direction qui a écarté Dieng car ce dernier a refusé de changer d’agent. Les sourires au dessus d’un téléphone en conférence de presse ont laissé place au football, et il n’est pas favorable pour l’OM et ses dirigeants. Avec un Matteo Guendouzi aussi haut sur le terrain, avec un Alexis Sanchez continuellement abandonné à la pointe de l’attaque phocéenne, Marseille a certes dominé mais a très peu concrétisé. L’unique but inscrit par l’OM lors de ce match a été marqué sur coup de pied arrêté, et Chancel Mbemba a encore masqué une défaillance totale du système offensif olympien. Face à un Tottenham recroquevillé devant son but, proche de la nullité la plus totale du football, Marseille aurait du plier ce match. Les Spurs pourraient être une équipe cohérente si cette négation absolu du football permettait une solidité défensive, mais le nombre d’occasions concédées frôle l’escroquerie plus que le plan tactique.

Le but d’avance acquis par l’OM à la pause, à l’issue des 45 première minutes, a permis de valider un contenu décent mais malheureusement insuffisant. En laissant le ballon et le contrôle du match aux Spurs dès le retour des vestiaires, Marseille s’est exposé à des phases arrêtées notamment et c’est d’ailleurs sur l’une d’elles et un coup-franc que cette équipe a concédé l’égalisation. Le contexte du match est revenu au point de départ, Tottenham a reculé à nouveau et les Phocéens ont récupéré la possession du ballon. L’équipe de Tudor a donc eu le ballon dans les pieds pendant 75 minutes sur les 95 de ce match et a été dans l’incapacité la plus totale de marquer par le jeu. Il fallait traduire cette domination par une avance conséquente, mais les phases avec ballon sont gérés par un enfant dont la motricité n’est pas encore développée. C’est ici que les choix de Tudor ont une nouvelle fois été défaillants, et le fait de n’accorder aucune minute à Dimitri Payet, pourtant particulièrement à l’aise dans ce contexte précis, montre que l’entraineur actuel n’a pas les épaules pour l’OM.

Marseille ne gagne plus, et l’avenir se jouera en Ligue 1

Privé de Bamba Dieng, privé de Dimitri Payet, Marseille a dû compter sur Luis Suarez pour inscrire le deuxième but. Un attaquant acheté 11 millions cet été et dont le niveau ne dépasse pas celui aperçu tous les dimanches sur les terrains de région parisienne. Certains se persuaderont qu’il représente un apport avec ses trois buts inscrits en Ligue 1, mais Amine Salama a également marqué trois buts, avec Angers qui plus est, et en provenance de Montrouge à la Porte de Paris. Marseille n’a pas manqué de chance en échouant à prolonger son parcours européen, mais d’une cohérence globale. La question sur l’avenir de Tudor à la tête de cette équipe doit être posée, mais avec une direction qui préfère contrôler les joueurs par des agents et non par des idées foot cela pose des questions quand à la capacité de rebond potentiel. Les rencontres face à Lyon et Monaco seront certainement décisives, il faut en tout cas l’espérer pour un club qui commence à dire adieu à ses objectifs de la saison entière alors que la mi-saison n’est même pas arrivée.

Le deuxième but inscrit à la dernière seconde du match découle d’une non maitrise totale, avec d’un côté l’envie de se jeter pour obtenir la deuxième place du groupe et une qualification en huitième de finale de la Ligue des Champions, et de l’autre côté une incapacité à garder un semblant d’équilibre pour préserver à minima la troisième place et une qualification en Ligue Europa. Il était demandé à Tudor de choisir entre Valentin Rongier et Jordan Veretout au milieu de terrain, pas d’aligner les deux ensemble ni de sortir les deux en même temps à 1-1. En somme, tout ce qui doit être fait ne l’est pas, et les choix ressemblent à des hérésies qui ont des répercussions sur les résultats de l’Olympique de Marseille.

Cette défaite et cette élimination en Coupe d’Europe va forcément laisser des traces dans un effectif qui doit désormais demander s’il est emmené dans la bonne direction. Marseille est un club à part, un club qui mérite mieux qu’un guide en forme de personnage bourru. L’OM n’aura pas toujours la chance de tomber sur un groupe aussi abordable lors de ses prochaines campagnes européennes, et le fait de terminer dernier de celui-ci ressemble à un échec total. Encore faut-il pouvoir retrouver ces soirées européennes, avec des performances en championnat auxquelles Dimitri Payet a grandement participé l’année dernière tout comme Bamba Dieng et ses 13 buts inscrits, et le pente actuelle ne laisse présager rien de bon sans changement durable. Dans l’approche de Tudor, mais il y a peu d’espoir, ou alors dans un changement de staff sur le banc de touche pour tenter de ranimer un groupe qui aura encore plus de mal à répondre. Lyon et Monaco sont des candidats à ces soirées européennes pour l’année prochaine, et ces deux rencontres doivent décider de l’avenir de l’organisation actuelle. Un Président a le droit de se tromper, mais il doit pouvoir comprendre et faire marche arrière pour apporter les besoins nécessaires à son club. Pour Tudor, la capacité d’analyse ne semble pas suffisante pour comprendre que l’Olympique de Marseille n’est pas le Héllas Vérone.

Emmanuel Trumer