Équipe de France, victoire en attente

Engagée dans la Ligue des Nations qui débute ce soir face au Danemark, l’Équipe de France doit convaincre pour oublier le raté de l’Euro 2020. Tandis que le Mondial 2022 approche, les Bleus peuvent se servir de cette compétition estivale moins prestigieuse pour arriver avec davantage de certitude au Qatar cet hiver.

Comment appréhender cette Ligue des Nations lorsque certains joueurs déclarent eux-mêmes en conférence de presse ne pas avoir envie de la disputer ? Le débat a tout d’abord été lancé par l’entraîneur Jurgen Klopp qui aimerait garder ses joueurs au chaud pour éviter des blessures et une répétition des efforts, puis repris logiquement par certains joueurs qui sont actuellement usés de l’enchaînement des matches. La pandémie de Covid est évidemment un élément important, et seule quelques nations ont eu la bonne idée d’interrompre leurs compétitions à cette époque. Aujourd’hui, les joueurs du championnat anglais ou espagnol sont à bout de souffle et il semble quasiment impossible d’espérer voir des sommets en Ligue des Nations. Un autre trophée a pu permettre de voir un récital de football, une très belle intensité, et deux équipes hargneuses qui voulaient la victoire : la Finalissima. Sur un match de 90 minutes et un trophée au bout. Loin, très loin, du format Ligue des Nations qui s’inscrit dans la durée d’une phase de groupes puis d’une phase éliminatoire. L’enjeu est anodin, les sélections doivent déjà passer par la phase de qualification aux compétitions continentales pour obtenir leur ticket. Une Ligue des Nations pour l’argent, et contre le foot.

Toujours est-il que ces confrontations peuvent permettre aux sélectionneurs de tester des idées de jeu, des schémas, et bien évidemment des joueurs peu appelés. Ce ne sera pas le cas de l’Équipe de France emmenée par Didier Deschamps qui est dans une tout autre optique avec d’une part la volonté d’effacer l’échec de l’Euro 2020, puis d’autre part l’idée de préparer efficacement le Mondial 2022 qui approche à grands pas. Un rendez-vous que les Tricolores ne pourront pas rater, possédant très certainement le meilleur effectif de la compétition et la rencontre face au Danemark ce soir pourrait mettre en lumière une équipe très proche de celle qui débutera la Coupe du Monde.

Le onze titulaire annoncé est celui qui possède le plus de certitudes individuelles actuellement, et la question (personnelle) se situe ailleurs dans le schéma collectif mis en place par le sélectionneur Didier Deschamps. Avec cette qualité disponible sous la main, l’EDF devrait être une nation capable de prendre le jeu à son compte, capable de maîtriser ses matches par la possession et un positionnement audacieux sur le terrain. Problème : aucun de ces concepts n’est une priorité pour Didier Deschamps qui reste campé sur sa volonté de solidifier toujours plus un effectif pourtant armé offensivement. Avec Benzema – Mbappé – Griezmann en tout premier lieu bien entendu, mais également avec des joueurs comme Pogba – Coman – Théo Hernandez pour ne citer qu’eux. Le cas du dernier nommé est d’ailleurs un parfait exemple de la philosophique de Didier Deschamps avec son équipe. À Milan, Théo Hernandez évolue en tant que latéral gauche pur, avec deux défenseurs centraux à côté de lui, et cela ne l’empêche absolument pas de se montrer décisif offensivement. C’est même Théo Hernandez qui a inscrit un but d’anthologie face à l’Atalanta pour amorcer le titre en Serie A du Milan AC cette saison. Dans l’esprit de Deschamps, Théo Hernandez est davantage un milieu de terrain qu’un latéral, et il l’a confirmé en conférence de presse.

Un schéma tactique qui pose question

Avec ce 3-4-3, qui est un 5-4-1 lorsque l’équipe de France évolue sans ballon, la mise en perspective d’un jeu construit et séduisant apparaît peu évidente. Cela semble pourtant être la seule solution, pour Didier Deschamps en l’occurrence, qui reste campé sur sa volonté de rendre plus solide son équipe de France et dans une philosophie de jeu construire en Italie lorsqu’il a entrainé dans ce pays. Le recherche de nouvelles façons de fonctionne est pourtant inéluctable et imposer à des joueurs si tournés vers l’avant un rôle défensif en tout premier lieu serait une erreur pour le Mondial 2022. Cette équipe a envie d’évoluer avec ballon, a envie de créer le jeu, et cela pourrait se heurter à la vision du technicien français. D’autant plus que les acquis de la victoire au Mondial 2018 sont aujourd’hui complètement remis à plat avec un échec cuisant dans ce schéma avec une ligne de cinq derrière lors de l’Euro 2020. La France s’est alignée dans la même idée tactique que la Suisse, et a permis à cette équipe beaucoup moins forte de l’emporter et d’atteindre les quarts de finale.

Après la victoire en 2018 il aurait fâcheux pour la Fédération française de football de se séparer de Didier Deschamps, et cela est parfaitement compréhensible, mais une nouvelle désillusion lors de la prochaine compétition majeure et alors reviendrait un nom en particulier : celui de Zinédine Zidane. La légende des Bleus est aujourd’hui très intéressée par le poste de sélectionneur national en France et il existe même quasiment une certitude à l’heure actuelle qui consiste à imaginer Zizou prendre la succession de Deschamps si le Mondial dans quelques semaines ne se déroule pas comme prévu. Quel est l’objectif à atteindre alors pour les Bleus ? Une demi-finale semble le minimum avec cet effectif, et tout autre résultat pour amener la FFF à repenser son organisation.

Délicat aujourd’hui de savoir si Didier Deschamps est encore le maitre de cet ensemble de stars, mais le choix d’écarter Olivier Giroud pour laisser tout le champ à Benzema – Mbappé – Griezmann de s’exprimer semble s’inscrire dans une logique cohérente de groupe du point de vue du sélectionneur, qui veut mettre ses meilleurs éléments dans des conditions mentales optimales. Avancer avec ses cadres, qu’il doit protéger, quitte à se passer d’historiques c’est la mentalité actuelle du sélectionneur Didier Deschamps et il faut admettre que c’est une bonne solution. Ce n’est pas Carlo Ancelotti qui pourra dire le contraire.

Emmanuel Trumer