Équipe de France, le plan de bataille

A quelques jours de son entrée en lice dans la Coupe du Monde, face à l’Australie, l’Équipe de France a pris ses quartiers au Qatar.  Le pays hôte ouvrira le bal face à l’Équateur dimanche, tandis que les Bleus attendront mardi pour débuter. Avec quelques indications sur le visage du groupe qui devrait débuter.

Il n’a évidemment pas tout dévoilé de ses intentions, mais Didier Deschamps a tout de même donné plusieurs pistes concernant ses choix lors du premier match à venir face à l’Australie pour l’entrée en matière des Bleus. Sur le système tactique qu’il compte utiliser notamment, avec le retour de la défense à 4 éléments. C’est le schéma avec lequel Deschamps a remporté la Coupe du Monde 2018, et les résultats très en dessous des attentes qui ont suivi le changement tactique (élimination de l’Euro 2020 en 8e de finale face à la Suisse, élimination de la Ligue des Nations) ont scellé le retour à 4 derrière.

Le plan collectif est donc tracé, mais le sélectionneur s’est également exprimé sur les individualités. Théo et Lucas Hernandez vont se disputer le poste de latéral gauche, Varane sera accompagné dans l’axe par Konaté ou Upamecano, et Koundé sera l’alternative de Pavard au poste de latéral droit. Une hiérarchie plutôt logique pour la composition de la défense, même si le positionnement de Lucas Hernandez dans le couloir gauche peut paraître étonnant. Aligné en tant que défenseur central au Bayern Munich, Lucas Hernandez n’a plus occupé et animé un couloir depuis la Coupe du monde 2018. Là encore, Deschamps s’appuie sur ses certitudes pour construire son équipe.

Théo Hernandez, brillant à ce poste avec le Milan AC, est dans un profil individuel plus offensif en étant capable de dynamiter une très large partie du terrain jusqu’à la surface de réparation adverse. La titularisation de ce dernier pourrait être utile d’entrée face à l’Australie, une équipe que les Bleus doivent réussir à manœuvrer offensivement. Utiliser toute la largeur, pouvoir apporter du surnombre face à un bloc regroupé, tous ces ingrédients correspondent au profil de Théo Hernandez. Toujours est-il qu’il s’agit des derniers ajustements d’une défense presque connue, alors que le secteur du milieu de terrain est quant à lui la principale interrogation de cette Équipe de France.

 Un tenant du titre forcément favori

Privés de Kanté et Pogba, deux cadres très importants dans le vécu des Bleus, les Tricolores avancent sans réelle certitude à ce niveau. Un milieu de terrain composé de Tchouameni, Fofana, et Rabiot pourrait être privilégié, dans l’idée de libérer le trio offensif composé de Griezmann, Mbappé, et Benzema. Tchouameni évolue au poste de 6 avec le Real Madrid, consolidé individuellement par le départ de Casemiro, et l’enjeu se situera dans sa capacité à récupérer des ballons pour faire oublier un Kanté qui rayonnait dans ce domaine en Bleu. Fofana tentera d’apporter son intensité et sa répétition des courses sur une large partie du terrain, tandis que Rabiot soulagera Mbappé entre l’axe et le côté gauche pour permettre au meilleur buteur de Ligue 1 de se rapprocher de Benzema dans l’axe et donc de la surface de réparation adverse.

Si le milieu de terrain peut poser des questions, le secteur offensif est une arme massive qui possède certains des plus grands joueurs de la planète football. Le Ballon d’Or avec Benzema, le joueur le plus cher du monde avec Mbappé, et l’indéboulonnable Griezmann même si ce dernier est dans une période plus compliquée avec son club de l’Atletico Madrid. Griezmann aura d’ailleurs un rôle très important puisqu’il sera le lien entre le milieu de terrain orphelin de Pogba et sa qualité de passe avec ses deux compères de l’attaque : Mbappé et Benzema. Avec la blessure de Christopher Nkunku, Griezmann est le seul joueur capable de mettre sa qualité technique au service de l’équipe pour créer une osmose et une interaction entre les différents secteurs de jeu. Les blessures n’ont d’ailleurs pas épargné les Bleus avec plusieurs forfaits, et quelques interrogations sur la condition physique.

Un élément qui ne concerne pas uniquement l’Équipe de France puisque toutes les sélections ont dû préparer cette Coupe du Monde dans un environnement particulier et des dates nouvelles en cours de saison. Avec des incertitudes sur la capacité de certains cadres, Didier Deschamps s’est rapproché de ses certitudes personnelles et va tenter de réussir l’exploit de conserver une Coupe du Monde pour la première fois de l’Histoire. Avec des idées proches de celles de 2018, le sélectionneur ne compte pas innover lors de cette compétition et l’objectif est déjà posé : la demi-finale. En cas de qualification dans le dernier carré, Deschamps décidera s’il poursuit avec l’Équipe de France mais le successeur est déjà tout trouvé en cas de désillusion.

Emmanuel Trumer