Euro 2021 : Le récap de la phase de groupes

La phase de groupes de l’Euro 2021 étant désormais terminée et les seize nations qualifiées pour le prochain tour connues, il est possible de dresser un premier bilan avec son lot de bonnes surprises mais également de déceptions. En passant de l’Italie qui a impressionné lors de cette première phase, à la Turquie qui a coulé, les vingt-quatre nations engagées dans cet Euro 2021 ont offert des spectacles différents. Tour d’horizon des sélections engagées dans cette compétition, mais retour également sur les performances individuelles positives ou non observées lors de cette phase de groupes.

Les bonnes surprises collectives :

  • Italie :

Même si cela peut sembler exagérer de parler de bonne surprise pour une nation comme l’Italie, une sélection qui a déjà remporté l’Euro dans son histoire, la phase de groupes de la Squadra Azzura peut légitimement nourrir de grandes ambitions après un Mondial 2018 auquel l’Italie ne s’est pas qualifiée. Avec trois victoires en trois matches, la sélection de Roberto Mancini a porté sa série d’invincibilité à trente matches. L’Italie n’a plus connu la défaite depuis octobre 2018, et les trois victoires en autant de matches lors de cet phase de groupes de l’Euro permettent aux Italiens d’aborder le 8e de finale dans la peau d’un favori. Face à l’Autriche, l’Italie aura encore toutes les cartes en main pour poursuivre cette belle série et rejoindre les quarts de finale. C’est ensuite que les choses sérieuses vont commencer pour Ciro Immobile et ses partenaires, avec un affrontement face au vainqueur de la rencontre Belgique – Portugal. Si l’Italie a semblé tout en maitrise jusqu’à présent, l’interrogation peut tout de même demeurer face à un candidat au titre que l’Italie n’a pas encore affronté. Dans un groupe composé de la Turquie, de la Suisse, et du Pays de Galles, l’équipe de Mancini a fait carton plein avec trois victoires, sept buts inscrits, aucun but encaissé, et la rencontre face à l’Autriche devrait être du même acabit, avant d’entrer dans le vif du sujet donc. C’est en quart de finale que la valeur de cette sélection sera réellement appréciée, une équipe installée dans un 4-3-3 immuable et qui propose de solides arguments collectifs. Les principes de jeu de Roberto Mancini sont la possession du ballon, un bloc équipe plutôt haut et une grosse activité à la perte de celui-ci pour presser l’adversaire. Toutes les zones du terrain sont bien animées, avec un entre jeu complet composé d’une pointe basse (Jorginho) qui s’occupe de la première relance, et de deux relayeurs (Locatelli – Barella) capables d’organiser le jeu mais également de se projeter. Dans les couloirs les latéraux (Spinazzola – Florenzi ou Di Lorenzo) apportent un précieux soutien aux ailiers (Insigne – Berardi), et l’attaquant de pointe (Immobile) se retrouve alors souvent bien servi dans la surface de réparation. Il faut tout de même noter que cette équipe s’est très souvent retrouvée dans la même configuration de match, à savoir un adversaire qui laisse le ballon pour se contenter de défendre dans sa moitié de terrain et subir le jeu. Face à plus fort, face à mieux armé, il sera interessant de voir la capacité à encaisser les coups. Même dans sa série de trente matches sans défaite, les adversaires prestigieux ne sont pas légions et le probable quart de finale de l’Italie servira alors de vrai test pour savoir si cette équipe est également capable de subir davantage sans pour autant plier.

  • Pays-Bas : 

Comme pour l’Italie, les Pays-Bas sont attendus pour être prétendants à la victoire lors de chaque tournoi, mais comme l’Italie les Oranjes connaissent une période creuse en terme de trophées et cette phase de groupes réussie de l’Euro pourrait à nouveau nourrir des ambitions. Dans un groupe composé de l’Ukraine, de l’Autriche, et de la Macédoine du Nord, l’équipe de Frank de Boer a assumé son statut de favori avec trois victoires, huit buts inscrits et deux buts encaissés. Malgré une entame de compétition plutôt compliquée face à l’Ukraine, et une victoire acquise en toute fin de match, les Pays-Bas ont ensuite déroulé pour terminer à la première place du groupe et s’offrir un 8e de finale abordable face à la République tchèque. Cette sélection peut même d’ores et déjà voir plus loin puisque le gagnant de ce 8e de finale affrontera le vainqueur du match entre le Pays de Galles et le Danemark en quart de finale. Un parcours plutôt tranquille, et une force collective qui semble petit à petit se dessiner même si les adversaires affrontés jusqu’à présent incitent à l’optimisme. Objet de tous les débats nationaux, le système de Frank de Boer en 5-3-2 permet jusqu’à présent de dominer dans les deux moitiés de terrain, mais la séquence observée face à l’Ukraine en ouverture avec deux buts encaissés rapidement face à une équipe qui s’est montrée plus offensive peut tout de même interroger pour la suite. Qu’en sera-t-il face à un adversaire mieux armé, qui exercera une pression plus constante sur la défense hollandaise. Dans les principes de jeu, on retrouve tout de même la volonté d’avoir la possession du ballon malgré la disparition du légendaire 4-3-3 propre à cette sélection. Le capitaine et meilleur joueur Memphis Depay est soutenu devant par Wout Weghorst, et le milieu de terrain composé notamment par De Jong et Wijnaldum a fait ses preuves jusqu’à présent. Le néo joueur parisien est une pièce importante du puzzle grâce à ses projections vers l’avant et sa capacité à peser dans la moitié de terrain adverse. Les couloirs sont animés par des latéraux positionnés assez haut, et Dumfries est d’ailleurs une belle révélation à droite grâce à son apport offensif. Le tableau final semble assez dégagé, et les Oranjes sont attendus en demi finale pour affronter l’Angleterre ou l’Allemagne à priori, et enfin se mesurer à un candidat au titre.

  • Danemark :

La phase de groupes de l’Euro a commencé de la pire des manières imaginables pour la sélection danoise, avant de se terminer de la plus belle possible. La crise cardiaque de Christian Eriksen lors du premier match face à la Finlande aura longtemps été sur toutes les lèvres, d’abord avec une immense angoisse puis avec un dénouement plutôt heureux. Alors que le joueur de l’Inter Milan s’est écroulé seul en fin de première période, ses coéquipiers ont montré des qualités de cohésion et de partage assez immenses, tout d’abord avec cette chaine humaine pour permettre à Eriksen d’être soigné sans l’oeil des caméras, puis ensuite sur le terrain et grâce au jeu développé avec une qualification acquise pour les 8e de finale sans leur maitre à jouer et meilleur joueur. L’immense travail de l’équipe médicale présente au stade a permis à Eriksen de retrouver la vie, et si ses coéquipiers ont disputé la rencontre face à la Finlande suite à des nouvelles rassurantes venues de l’hôpital, les têtes n’y étaient pas à ce moment là et c’est tout à fait logique. Il aura fallu attendre le deuxième match face à la Belgique pour voir une équipe plus forte, plus conquérante, proche de battre les favoris belges d’ailleurs, mais qui sera vaincue par l’entrée d’un seul homme : Kevin De Bruyne. Lancé à la pause par Roberto Martinez, le joueur de Manchester City aura éteint les velléités danoises avec une passe décisive et un but. Qu’importe, le Danemark s’est appuyé sur ce très bon match pour aller chercher la qualification lors de l’ultime journée face à la Russie grâce à une victoire 4-1. Une victoire en forme de cadeau pour Christian Eriksen, présent dans toutes les têtes danoises et pas uniquement d’ailleurs, et une victoire qui permet d’affronter le Pays de Galles au prochain tour, un adversaire contre lequel le Danemark semble en mesure de lutter. Le Danemark est déjà officiellement le coup de coeur de cette édition de l’Euro, et même si l’équipe ne semble pas armée pour la victoire finale, un quart de finale serait une très belle consécration pour une sélection amputée de son meilleur joueur.

  • Suède :

Terminer premier d’un groupe qui comprend l’Espagne est déjà un petit exploit en soit, mais la Suède l’a réussi en étant invaincu et mérite logiquement de figurer parmi les bonnes surprises de cette première phase de l’Euro. Les ingrédients de cette qualification ne font peut-être pas rêver les amateurs de football total, mais la solidité de cette équipe ajoutée à l’envie affichée lors des dernières minutes de l’ultime rencontre face à la Pologne, pour arracher la première place, en font une belle réussite. Tout a commencé par le choc face à l’Espagne, avec un 0-0 acquis grâce à une solidité défensive de tous les instants et même quelques contres qui auraient pu créer une première grosse surprise. La Suède s’est appuyé sur ce match pour battre ensuite la Slovaquie 1-0 et terminer par une victoire sur la Pologne dans les tous derniers instants. La Suède menait 2-0 face à la Pologne avant de voir Lewandowski ramener l’adverse à égalité, un score qui qualifiait déjà la Suède pour le tour suivant mais pas à la première place. Chose faite dans les dernières secondes et une victoire 3-2 qui permet de passer devant l’Espagne au classement et d’éviter la Croatie en 8e de finale. La Suède affrontera donc l’Ukraine au prochain tour, dans la peau de favori puisque cette équipe a montré de belles capacités collectives tout en possédant dans ses rangs deux individualités très intéressantes : Emil Forsberg et Alexander Isak. Même sans Zlatan Ibrahimovic, blessé avant la compétition, cette équipe est parvenue à se souder autour d’un collectif positionné en 4-4-2 et d’un bloc bas capable d’encaisser les coups comme ce fut le cas face à l’Espagne. Certes bien aidé par la maladresse adverse, notamment celle de Morata, la Suède avance tout de même avec ses certitudes et un quart de finale face au vainqueur du match Angleterre – Allemagne serait une belle réussite.

La Belgique de son côté s’est facilement qualifiée pour les 8e de finale, avec trois victoire en trois matches et un statut de favori confirmé. Le demi finaliste du Mondial 2018 semble armé pour remporter cette édition de l’Euro et les montées en puissance de joueurs comme Kevin De Bruyne, Axel Witsel, ou Eden Hazard, permettent de faire de cette équipe un mastodonte de la compétition. Désormais engagés dans un parcours du combattant, les Diables Rouges vont affronter le Portugal en 8e, puis probablement l’Italie en quart de finale, et la France ou l’Espagne en demi finale, la Belgique va devoir montrer qu’elle mérite un titre continental et que ses individualités sont capables de peser sur n’importer quel adversaire.

L’Angleterre a atteint les 8e de finale après un parcours légèrement plus compliqué, notamment avec un match nul 0-0 face à l’Ecosse lors du deuxième match, mais la puissance individuelle de cette sélection en fait un favori légitime. Sur armée offensivement, l’équipe des Three Lions semble encore légèrement timorée et Gareth Southgate va devoir libérer ses atouts pour permettre à sa sélection de briller à nouveau au plus haut niveau. L’utilisation de son effectif reste encore assez énigmatique, et si le groupe composé de la Croatie, de l’Ecosse, et de la Republique Tchèque n’a pas été insurmontable, il en faudra tout de même plus dès le 8e de finale face à l’Allemagne. L’objectif de cette sélection anglaise est clairement la finale à Wembley, objectif atteignable avec plus d’arguments collectifs pour une équipe encore trop timide dans son jeu et ses choix.

 

Les bonne surprises individuelles :

  • Patrik Schick (République Tchèque) : 

L’attaquant tchèque est à priori d’ores et déjà l’auteur du plus beau but de la compétition avec un tir de 45 mètres face à l’Ecosse, mais il est surtout le grand artisan de la qualification de son équipe pour les 8e de finale avec trois buts inscrits au total et une présence offensive très intéressante. C’est simple, Schick a inscrit tous les buts de son équipe lors de la première phase. Précieux dans le jeu en remise grâce à son pied gauche, il l’est également dans la surface adverse grâce à sa taille et son jeu de tête. Un poison pour les défenses adverses qu’on ne découvre pas, mais qui montre trop peu ses qualités lorsqu’il évolue en club. Déception à Leipzig sous Nagelsmann, Schick semble retrouver l’envie avec son pays et il est, après la phase de groupes, l’une des belles surprises de cet Euro. Il va devoir se montrer miraculeux pour éliminer les Pays-Bas en 8e de finale, mais d’un point de vue individuel cette compétition est déjà réussie et peut laisser présager un avenir en club plus radieux, s’il en a envie.

  • Alexander Isak (Suède) : 

Réussir à briller dans une équipe tournée vers sa propre moitié de terrain est déjà un bel exploit que l’attaquant suédois est parvenu à réaliser. Isak est de prime abord un attaquant de surface, capable de peser sur les défenses adverses grâce à sa taille, mais il a également montrer des qualités différentes lors de cette phase de groupes avec cette capacité à décrocher pour enclencher les actions offensives de son équipe. Plutôt à l’aise techniquement, l’attaquant de la Real Sociedad en club montre une palette assez large malgré son jeune âge (21 ans) et si son équipe suédoise est parvenue à se qualifier pour les 8e de finale elle le doit en partie à Alexander Isak. Orphelin de Zlatan Ibrahimovic sur le front de l’attaque, Isak s’est démené pour être une rampe de lancement offensive, et permettre à Emil Forsberg notamment de trouver plus de liberté sur le terrain. C’est le duo fort de cette sélection.

  • Emil Forsberg (Suède) : 

Auteur de trois buts en autant de match lors de la phase de groupes, Emil Forsberg a tenu son rang dans la sélection suédoise avec une activité de tous les instants. Positionné dans le couloir gauche sur le papier, le joueur de Leipzig s’est souvent repositionné dans l’axe pour avoir une influence plus importante dans le coeur du jeu et bien lui en a pris puisque c’est dans cette zone qu’il a été décisif à chaque fois. Son entente technique avec Alexander Isak est bonne, et sa capacité à finir les actions lorsque son coéquipier décroche est très interessante, tout comme sa très belle qualité de frappe de balle. Il incarne parfaitement les qualités collectives danoises puisque Forsberg ne rechigne jamais pour les efforts défensifs, et sa grosse activité lui permet d’être précieux partout sur le terrain, avec et sans ballon.

  • Denzel Dumfries (Pays-Bas) :

La latéral droit du PSV Eindoven est une des belles révélations de cet phase de groupes de l’Euro, avec un apport offensif très interessant (2 buts, 1 passe décisive) et une grosse activité dans son couloir. Positionné assez haut dans la défense à 5 des Pays-Bas, il peut se permettre de peser dans la moitié de terrain adverse et son volume de jeu correspond bien à ce rôle de piston. Reste l’interrogation de sa solidité défensive pas encore assez testée, mais son gabarit peut lui permettre d’être également précieux dans ce secteur. Il a déjà tapé dans l’oeil de certains clubs dont le Bayern Munich et ce n’est pas une surprise après ses trois matches aboutis.

  • Kai Havertz (Allemagne) : 

Le Zidane allemand est en train de confirmer sa belle fin de saison en club avec Chelsea, qui l’a vu inscrire le seul but de la finale de la Ligue des champions face à Manchester City. Précieux techniquement, il pèse surtout dans le jeu offensif de son équipe grâce à ses projections dans la surface adverse et les deux buts inscrits par Havertz viennent confirmer cette tendance. Il aurait même pu en inscrire un troisième finalement accordé contre son camp à Ruben Dias, mais sa présence suffit à faire de lui le principal danger de la sélection allemande. Une sélection par ailleurs décevante, nous y reviendrons, mais d’un point de vue individuel Havertz est l’une des belles surprises de cet Euro. On l’attendait à ce niveau, à Chelsea comme en sélection, mais la longue période d’adaptation en club aura laissé des doutes sur certains observateurs, que le génial milieu offensif est en train de balayer.

Cristiano Ronaldo est actuellement le meilleur buteur de cet Euro avec 5 buts inscrits en 3 matches de groupes. Un joueur que l’on ne peut pas classer au rayon des surprises mais qui a 36 ans montre qu’il est encore l’un des tous meilleurs joueurs de la planète football. Certes, 3 des 5 buts ont été inscrits sur penalty, mais encore faut-il les mettre et surtout sa présence à la pointe de l’attaque portugaise est clairement le point d’encrage de cette équipe. Délicat de savoir si cela sera suffisant pour aller au bout une nouvelle fois, mais Cristiano Ronaldo est encore aujourd’hui tout en haut des bonnes choses.

Romelu Lukaku est également au rendez-vous avec 3 buts inscrits en 3 matches et une activité incessante sur le front de l’attaque belge. Capable de terminer les actions, il a également montré qu’il était précieux plus bas sur le terrain grâce à son coup de rein et sa capacité à éliminer ses adversaire pour amener des situations comme ce fut le cas dans un match compliqué pour son équipe face au Danemark.

Robert Lewandowski est parvenu à inscrire 3 buts lors de la phase de groupes, ce qui n’a pas suffi pour qualifier une nation polonaise assez faible, mais qui signe une réussite individuelle pour l’attaquant du Bayern Munich. Trop esseulé, trop peu servi, Lewandowski s’est pourtant constamment démené pour tenter de faire bouger les choses, en vain. Sa qualité de finisseur aura tout de même été en vue, et il reste l’unique satisfaction de son pays.

 

Les déceptions collectives :

  • Turquie : 

Au premier rang des déceptions collectives trône forcément la Turquie qui est sortie de cet Euro avec un bilan affligeant. Trois défaites en autant de rencontres, huit buts encaissés, un but marqué. Dans un groupe pourtant à sa portée, la sélection de Senol Günes n’aura cessé de décevoir, match après match. D’abord face à une bonne équipe d’Italie (3-0), où des circonstances atténuantes ont pu être trouvées, puis face au Pays de Galles (2-0) et la Suisse (3-1). Empêtrée dans un schéma tactique ultra restrictif, la Turquie aura pris l’eau face à tous ses adversaires et on peut même se dire, après les trois matches de la phase de groupes, que si les Feroés s’étaient présentés cela aurait été compliqué. Pourtant armée individuellement, cette équipe n’est jamais parvenue à montrer quoi que ce soit dans le contenu, que ce soit offensivement avec un bloc bas peureux, ou défensivement dans un secteur qui se voulait pourtant être le point fort de cette sélection. Une débâcle totale, qui laisse un goût amer car cette compétition aurait pu être abordée différemment dans l’envie de jouer, de provoquer des choses, et de mettre en avant ses arguments offensifs pourtant présents sur le papier. La présence du Président Erdogan lors du deuxième match n’aura rien changé, et on peut désormais s’attendre à des changements à la tête de cette nation, avec un sélectionneur qui ne peut pas rester en poste.

  • Pologne : 

L’équipe de Paulo Sousa est éliminée de l’Euro avec un petit point en trois matches et une dernière place en forme de raté. Tout avait mal commencé pour la Pologne avec une défaite d’entrée face à la Slovaquie et des individualités comme Krychowiak déjà au tapis et expulsé lors de ce match inaugural. Dans un schéma tactique qui ne met en avant aucun secteur de jeu, il était impossible d’espérer mieux, et la faute retombe légitimement sur l’ancien entraineur bordelais qui sort de cette compétition par la petite porte. Il a choisi de mettre une densité de joueurs dans un secteur défensif qui a coulé, laissant Lewandowski trop seul devant, et incapable de produire du jeu avec son milieu de terrain. Un échec a tous les niveaux, pour une sélection qui n’était de toute façon pas attendue dans les plus hautes sphères mais qui a servi de sparring partner dans son groupe. Comme la Turquie, des changements semblent nécessaires afin d’imprimer un style de jeu à cette équipe, et cela passe certainement par le sélectionneur.

  • Allemagne :

Contrairement aux deux sélections précédentes, l’Allemagne est parvenue à se qualifier pour les 8e de finale mais l’impression globale laissée après cette phase de poules est tout de même légèrement inquiétante. Le match face à la France aura été totalement neutre dans son contenu, face à une équipe qui n’a pas eu à forcer pour s’imposer et qui n’a jamais été en danger défensivement. La deuxième rencontre face au Portugal aura été la petite éclaircie de cette phase de groupes pour l’Allemagne mais il faut tout de même noter que cette fois l’adversaire a totalement raté son match et la dernière opposition face à la Hongrie a failli tourner au cauchemar. Menés deux fois au score, les Allemands ont été tout proches de l’élimination et il aura fallu des changements (tardifs) pour glaner un point synonyme de qualification en toute fin de match. Les principes de jeu de Joachim Low sont assez incompréhensibles, peuvent irriter également, et malgré un effectif fourni en qualité l’impression globale dégagé par cette équipe est assez faible. Le 8e de finale face à l’Angleterre sera un bon test pour savoir si cette sélection peut espérer aller plus haut, mais après la phase de groupes cela semble délicat. Tant défensivement qu’offensivement, les choix de Low mettent son équipe en difficulté (notamment celui de positionner Kimmich à droite) et ce match à venir ne laissera la place à aucune erreur.

  • Espagne :

Comme l’Allemagne, l’Espagne est parvenue à se qualifier pour les 8e de finale mais la deuxième place acquise derrière la Suède laisse un goût amer. Les deux premiers matches de la Roja ont été raté, avec deux matches nuls au score, et il a fallu attendre l’ultime rencontre pour voir l’Espagne prendre la mesure de la Slovaquie et la direction du tour suivant. En réalité, une question se pose sur cette sélection qui semble plutôt à l’aise lorsque les choses tournent rapidement à son avantage, mais qui semble absolument incapable d’inverser un match qu’elle ne parvient pas à maitriser immédiatement. En cause, certainement, la gestion des matches de Luis Enrique pour qui les changements poste pour poste sont une religion et une obligation. Cela peut se comprendre lorsque son équipe parvient à faire la différence rapidement et qu’il n’y a pas besoin d’apporter quelque chose de nouveau, mais lorsque celle ci est bousculée le sélectionneur semble alors enfermé dans un schéma qu’il ne parvient pas à dépasser. Le 4-3-3 espagnol est une institution, mais lorsqu’il est malmené il devient alors un poids que Luis Enrique semble incapable de porter. Le 8e de finale face à la Croatie semble tout de même à la portée des Espagnols, qui devront ensuite affronter en quart de finale le vainqueur du match entre la France et la Suisse et qui seront alors confrontés à une équipe qui ne les laissera pas manoeuvrer dans leur confort.

 

Les deceptions individuelles :

  • Grzegorz Krychowiak (Pologne) :

Le milieu de terrain de la Pologne a été l’auteur d’un Euro épouvantable il n’y a pas d’autre mot. D’abord expulsé lors du premier match face à la Slovaquie, il aura suivi des tribunes le seul point glané par ses coéquipiers face à l’Espagne ensuite, avant de réintégrer le 11 de départ et de connaitre une nouvelle défaite face à la Suède. Positionné en pointe basse du milieu polonais, Krychowiak a été en retard sur toutes ses interventions. Peu mobile, lourd dans ses déplacements, mauvais défensivement, avec un apport offensif extrêmement limité voir inexistant, il semble vraiment délicat de comprendre le rôle de l’ancien joueur du PSG dans cette sélection de la Pologne. Pire, il a semblé très peu concerné par cet Euro et sa présence lors des deux défaites de son équipe n’est pas un hasard. La seule fois ou son équipe n’a pas quitté le terrain avec une défaite il n’était pas là. Peut-être une piste pour l’avenir, car même s’il est un nom important de cette sélection, il est un handicap pour son équipe sur le terrain.

  • Burak Yilmaz (Turquie) :

Tout juste auréolé du titre de Champion de France avec Lille, l’attaquant turque était attendu dans cet Euro. Trois matches plus tard et zéro but au compteur, Yilmaz est une déception individuelle même si les performances collectives de son équipe ne l’ont pas aidé et ce sont d’ailleurs tous les joueurs turcs qui auraient pu figurer dans cette liste. L’attaquant aura pourtant eu quelques ballons dangereux à négocier, mais l’adresse implacable dont il a fait preuve en club tout au long de la saison n’aura jamais été perceptible. Yilmaz est passé au travers comme tous ses partenaires, et ce qui pourrait s’apparenter à sa dernière compétition en sélection ne laissera malheureusement pas un grand souvenir.

  • Harry Kane (Angleterre) :

Harry Kane est, lui, qualifié pour les 8e de finale de cet Euro avec l’Angleterre mais on ne peut pas dire que c’est grâce à son apport puisque l’attaquant de Tottenham n’a pas encore trouvé le chemin des filets et semble en difficulté dans cette équipe anglaise. Capitaine et titulaire indiscutable, Kane semble avoir du mal à trouver ses repères en sélection et même s’il tente d’apporter avec des décrochages pour participer à la construction du jeu, c’est dans un rôle de buteur qu’il est davantage attendu désormais. Avec sa qualité intrinsèque nul doute que cela peut arriver très prochainement et dès le 8e de finale face à l’Allemagne, mais l’impression laissée après la phase de groupes n’est pas bonne. Il faut dire également que le jeu offensif développé par son équipe n’est pas une machine de guerre, mais il a déjà montré qu’il était capable de prendre les choses en main avec son club de Tottenham même lorsque cela était compliqué autour de lui. Peut-être que son futur transfert pèse, mais c’est toute l’Angleterre qui attend de retrouver le vrai Harry Kane lors de la prochaine phase de l’Euro.

  • Alvaro Morata (Espagne) :

Fidèle à ses performances récentes, Morata a terminé la phase de groupes avec un bilan individuel peu flatteur. Auteur d’un but tout de même face à la Pologne lors du deuxième match, il a globalement laissé une impression décevante avec des ratés à la pelle face à la Suède lors du premier match et même un penalty manqué contre la Slovaquie lors du dernier match. Face au but son rendement est beaucoup trop faible, dans la construction des actions ses qualités ne permettent pas de compter sur lui, et c’est donc avec cette interrogation que l’Espagne avance vers les 8e de finale et la Croatie. Il sera impossible d’aller beaucoup plus loin sans un attaquant capable de marquer davantage puisque Luis Enrique ne compte pas changer un système exclusivement fourni au milieu de terrain.

Emmanuel Trumer