Bordeaux, entre envie et désespoir

Les Girondins ont terminé leur parcours en Ligue 1 par une victoire face à Caen le week-end dernier, mais la saison bordelaise est une succession d’échecs qui a enterré petit à petit les objectifs des Marines et Blancs. Entre les changements d’entraîneurs, le changement de propriétaire aussi, les conditions étaient trop dures pour envisager autre chose. Reste alors à espérer que Bordeaux reparte sur un cycle vertueux cet été, grâce au mercato mais surtout grâce à Paulo Sousa, c’est la promesse faite par les nouveaux arrivants. 

A la lecture des résultats de la saison des Girondins, nous sommes en droit de nous demander quels progrès ou bien quels points positifs vont pouvoir tirer les nouveaux dirigeants. 14ede Ligue 1 avec six défaites consécutives avant de réagir lors de l’ultime journée face à Caen, Bordeaux est également sorti prématurément de la phase de groupes de Ligue Europa, et a été éliminé par le Havre et Strasbourg des coupes nationales. En prime, le FCGB connait son quatrième entraîneur de la saison avec Paulo Sousa. Gustavo Poyet avait entamé la saison avant de quitter le navire à cause de ses prises de bec incessantes avec la direction M6, Eric Bédouet a ensuite repris l’équipe avant d’être épaulé par Ricardo pour finalement tous deux laisser leur place au Portugais Paulo Sousa. Entre temps, le groupe M6 a vendu les Girondins aux américains de GACP représentés par Joseph DaGrosa et il y aura donc eu un contexte beaucoup trop néfaste pour espérer avoir ne serait-ce qu’un embryon d’évolution sportive.

Joseph DaGrosa, le nouveau propriétaire des Girondins de Bordeaux

Ce n’est pas l’ambition qui manque pourtant aux nouveaux arrivants, tentés dans un premier temps d’imiter l’arrivée fracassante de leurs compatriotes américains de l’OM et leur enthousiasme dans les médias, avant certainement d’être tempérés et mis en garde contre l’excès de belles promesses. Toujours est-il que le nouveau projet bordelais ne peut guère se cacher et ressemble fortement à ce qui se fait de plus en plus dans le football professionnel moderne. GACP et Joseph DaGrosa ont réuni des fonds d’investissement pour racheter Bordeaux et tablent sur l’achat et la revente de joueurs pour trouver la fortune. Campos n’étant pas multipliable il a donc fallu constituer une équipe pour entamer ce nouveau process. Frédéric Longuépée, un ancien dirigeant du PSG est nommé Président, tandis que le duo Hugo Varela – Eduardo Macia doit s’occuper du domaine sportif avec Paulo Sousa, l’entraîneur des Girondins. 

A son arrivée, l’ancien entraîneur de la Fiorentina était une légère inconnue pour moi et je dois avouer très honnêtement que cela l’est toujours quelques mois après. Avant de s’exiler en Chine, Paulo Sousa avait réussi de belles choses avec le club italien et son discours semble audacieux de prime abord. Il aime quand son équipe a le ballon et dicte son rythme dans le match, avec un pressing haut et constant. Le problème semble être que les choix du technicien portugais ne vont pas en ce sens. Certes quelques jeunes joueurs ont pu émerger ou avoir plus de temps de jeu, mais Sousa est resté dans un pragmatisme assez neutre qui aura finalement vu Plasil s’installer au milieu de terrain ou Briand errer trop seul devant. En somme les mêmes problèmes qu’avec les prédécesseurs de Sousa mais un jugement à tempérer puisqu’il n’a pas eu le temps encore d’imprimer ses idées. Le fait qu’il touche contractuellement un pourcentage sur la revente des joueurs reste également un élément assez mystérieux tout de même puisque peu commun.

Paulo Sousa, l’entraîneur choisi pour incarner le nouveau projet bordelais

Une révolution délicate

Au niveau des moyens financiers, cela ne semble pas être une révolution du côté de Bordeaux, qui vivait sans folie avant l’arrivée de GACP et devrait désormais tourner son recrutement vers de plus jeunes joueurs en espérant ensuite en grosse plus-value à la revente. Tomas Basic (21 ans), Josh Maja (20 ans), Raoul Bellanova (18 ans), sont les premiers exemples de la politique sportive que compte mener Bordeaux et c’est en ce sens qu’il faut d’ailleurs accorder du temps à Sousa puisqu’il hérite d’un effectif en reconstruction qui va encore évoluer cet été. Bordeaux ne sera pas européen la saison prochaine, et cela permettra certainement de bénéficier de plus de temps pour travailler en profondeur et inculquer les valeurs dont a commencé à parler Sousa et qu’il manque encore aux Girondins. 

Inutile de refaire le cliché du club tranquille, rarement agité, car c’est justement à cause d’une gestion inactive durant de longues années que le stade est aujourd’hui dépeuplé et que les résultats sportifs n’avancent plus. Le fait de donner ce nouvel élan ne garantit pas une réussite sportive, mais on peut tout de même espérer que les choix à venir permettent de replacer Bordeaux dans la course. Pour ce faire, il faudra avoir le nez creux sur les jeunes recrues, et surtout veiller à garder un certain équilibre pour que l’équipe puisse avoir une stabilité dans ses compositions et ses schémas de jeux. Bordeaux possède beaucoup d’atouts pour parvenir à redonner une compétitivité sportive aux Girondins, et malgré les critiques de certains anciens sur les méthodes de travail des salariés ou ce genre de choses, c’est surtout d’une direction claire et d’un projet dont a besoin ce club. 

Les Girondins ne pourront certainement pas retrouver la Ligue des champions immédiatement, mais il y a un potentiel bien plus fort que ce qui est montré actuellement et il faut souhaiter aux nouveaux dirigeants de trouver le juste équilibre entre le projet souhaité et les moyens concrètement mis à disposition. Le mercato estival devrait déjà donner un premier élément de réponse.

Emmanuel Trumer