Marseille, plus belle la vie

La deuxième place de Ligue 1 acquise dans les dernières secondes de la 38e Journée de Ligue 1, l’OM a pu compter sur un Vélodrome incandescent pour fêter une précieuse qualification en Ligue des Champions. Grâce à sa victoire 4-0 contre Strasbourg et l’égalisation lensoise face à Monaco à la 95eminute, Marseille est parvenu à arracher la qualification directe et s’éviter des barrages cet été. Après les déceptions face à Feyenoord et Rennes, les Olympiens ont réussi à remporter un match décisif face à Strasbourg et c’est ici un point intéressant pour le futur sportif des phocéens.

La pression était grande, et une victoire seule ne suffisait pas pour que l’OM puisse retrouver la Ligue des Champions sans passer par les tours de barrages. Marseille devait gagner à domicile face à Strasbourg d’abord, et espérer ensuite un faux-pas de l’AS Monaco à Lens. Après la désillusion à Rennes (défaite 2-0), les attentes sur le dernier match de l’OM en Ligue 1 ont abouti à un scénario parfait puisque les joueurs ont réussi à oublier le contexte et produire un match absolument parfait dans son ensemble. Avec la volonté de faire le travail rapidement, pour n’avoir comme regret qu’une éventuelle victoire monégasque et la 3e place. Mais jusqu’au bout, les choses auront tourné à l’avantage des Phocéens qui ont parfaitement géré leur dernier match avec une victoire 4-0 sans aucune difficulté. Le Vélodrome était incandescent, et le choix du schéma collectif était le bon. Le fait de faire évoluer un numéro 9 à la pointe de l’attaque, encore plus face aux 5 défenseurs strasbourgeois aura payé. Les scènes de joies à l’issue du match ont tout de même démontré une angoisse sur les réelles certitudes d’un club qui cherche encore une identité tactique.

Après une saison complète, l’OM peut s’identifier comme une équipe joueuse, avec la volonté de créer le jeu, de conserver la possession du ballon pour avoir la maitrise technique de ses matches. La volonté de faire évoluer haut ses joueurs sur le terrain, et le pressing enclenché à la perte du ballon sont des concepts qui caractérisent aujourd’hui l’OM de Sampaoli. Des préceptes audacieux, plaisants, qui vont dans la bonne direction collective mais quoi doivent absolument s’inscrire dans un cadre tactique plus précis. C’est ici que l’OM a perdu des points cette saison, et c’est également ici que Marseille n’a pas pu disputer la finale de Conference League après une élimination à domicile face à Feyenoord.

Le contexte tactique a d’ailleurs été en constante évolution à Marseille tout au long de la saison, et a certainement trouvé sa cohérence et son apogée lors de l’ultime journée face à Strasbourg. Longtemps, l’entraineur argentin s’est entêté dans un schéma à trois défenseurs centraux qui peut s’entendre sur le papier, mais avec des profils totalement incohérents et un manque de présence à la pointe de l’attaque. Le cas Milik est le parfait exemple d’un entraineur qui a longtemps cru pouvoir se passer d’un attaquant de pointe dans son schéma mais qui aura perdu tous les matches importants sans. Sampaoli est pourtant capable de revenir sur des préceptes plus généraux, comme l’idée d’installer un pressing constant à la perte sur 90 mn. Dans la veine d’un Bielsa qui était très demandeur en énergie, Sampaoli a compris que ses joueurs ne tiendraient pas sur 90 minutes d’abord, et encore moins sur une saison entière. L’Argentin a adapté son idée pour faire de l’OM une équipe plus complète de ce point de vue : Marseille est désormais capable de proposer différentes séquences, avec toujours cette idée de récupérer rapidement le ballon mais avec la possibilité également de positionner son bloc plus bas pour accepter des séquences de possession adverse et trouver des espaces en transition. L’OM ne se caractérise absolument pas par cela, mais c’est une arme mise en place au fur et à mesure de manière intelligente. Aujourd’hui, l’OM ne disparait plus d’un match comme ce fut le cas en début de saison.

Des idées plaisantes, un cadre tactique à perfectionner

Mise à part cette évolution dans l’idée globale, l’OM a aussi concrètement agi sur son idée de jeu tactique puisque le schéma a doucement évolué vers un 4-3-3 beaucoup plus cohérent. Face à Strasbourg, Gerson a quitté le poste d’ailier qui lui avait été attribué de manière incompréhensible pour retrouver sa place au milieu de terrain, Milik a retrouvé son poste de numéro 9 à la pointe de l’attaque phocéenne, et les ailiers étaient des joueurs parfaitement capables de tenir ce rôle. Tout était plus réfléchi, plus travaillé, plus cohérent et le résultat est arrivé immédiatement. Bien sûr l’OM dispose d’un stade hors normes, et Stéphan l’a lui-même confirmé à l’issue du match, mais encore faut-il pouvoir mettre les bons ingrédients pour pouvoir enflammer ce stade.

Que ce soit face au Feyenoord ou face à Rennes récemment, Marseille a évolué sans attaquant, avec Gerson ailier, et avec Payet ou Harit en pointe. Deux paris perdants qui ne pouvaient perdurer dans le temps, et le changement concret appliqué sur la composition d’équipe a été bénéfique. Marseille doit s’appuyer là-dessus pour préparer la prochaine saison, avec Milik qui est parfaitement capable de mener cette équipe en Ligue des Champions, et avec un schéma qui doit encore tendre vers celui aperçu face à Strasbourg. L’OM doit recruter deux latéraux pour aller dans ce sens, installer une vraie concurrence à ce poste avec Lirola à droite et Kolasinac à gauche, doit également continuer à aligner Gerson et Guendouzi à des postes de relayeurs qui leur permettent de se projeter avec ballon dans la moitié de terrain adverse et même dans la surface de réparation adverse où ils sont très précieux. Des ailiers comme De La Fuente et Under sont des profils très précieux pour animer les couloirs avec leurs latéraux mais pour pouvoir rentrer dans l’axe et apporter un surnombre également.

Et enfin, Dimitri Payet doit accepter que l’OM ne lui appartienne pas pour retrouver un rôle beaucoup plus cohérent de joueur de football à un poste qui lui convient. Que ce soit en numéro 10 en soutien d’un attaquant ou dans un couloir, il doit pouvoir mettre son immense qualité technique et sa vision du jeu au service de l’OM. Pour que Marseille puisse atteindre la deuxième place de Ligue 1 avant le dernier match, voire également pour tenter de se rapprocher du Paris Saint-Germain au classement, les individualités doivent à tout prix être positionnées à leur meilleur poste. Le départ de Kamara pourrait entrainer l’arrivée d’un numéro 6, tout comme le cas Saliba en défense centrale. Un ailier ne serait pas de trop, et Marseille serait alors parfaitement armé pour viser encore plus haut. Oui la saison olympienne est une réussite, mais Marseille doit compter sur lui et lui seul pour aller en chercher plus et ne plus attendre la dernière journée à Lens.

Emmanuel Trumer