Marseille, le minimum syndical

Alors que le mercato estival a désormais fermé ses portes, l’effectif de l’Olympique de Marseille est au complet et après deux mois intenses, parfois inquiétants, l’arrivée de Valentin Rongier en tant que joker a permis de donner un peu plus de perspectives à André Villas-Boas et son groupe. Un effectif qui peut désormais se tourner vers ses objectifs européens, malgré le manque de profondeur.

Il ne fallait pas s’attendre à de très nombreuses arrivées dans la cité phocéenne cet été, le Président Jacques-Henri Eyraud avait d’ores et déjà prévenu : l’OM allait devoir se mettre au régime. Manière de ne pas répéter ses erreurs passées avec des montants annoncés et des clubs à l’affut pour profiter du moindre centime olympien, mais également car la carte du fair-play financier a été brandie pour expliquer les difficultés que pourrait connaitre Marseille. Et il faut dire que les difficultés n’ont pas manqué malgré un bilan aujourd’hui plutôt acceptable et rendu présentable grâce à l’arrivée chaotique de Valentin Rongier quelques heures après la fermeture du mercato et en tant que Joker. Le désormais ex capitaine nantais est la troisième recrue de l’OM cet été, après les arrivées de Dario Benedetto et Alvaro Gonzalez tandis que le rayon des départs a lui été particulièrement fourni.

Tout d’abord la volonté de se séparer des joueurs non désirables et en fin de contrat comme Balotelli, Rolando, Hubocan, ou Abdennour est une réussite mais enfin il suffisait simplement de les remercier pour les « services » rendus et la manœuvre s’est arrêtée là. Le cas Adil Rami a quant à lui été beaucoup plus ombrageux avec un licenciement pour faute grave à la clé signifié par l’OM et une manière de faire qui a pu interroger. Toujours est-il que ces cinq premiers départs ont permis de considérablement alléger une masse salariale qui n’était plus tenable pour la direction phocéenne mais dont les recherches de grosse vente n’ont jamais abouti. Pour le reste des départs, ceux avec indemnités de transferts à la clé pour l’OM, la plus grosse somme a été perçue pour Lucas Ocampos après son départ à Séville contre 14 millions d’euros. Clinton Njié s’est lui envolé vers la Russie en l’échange de 5 millions d’euros mais les joueurs décrétés comme à forte valeur (Thauvin, Sanson, Strootman) n’ont pas été approché ou très peu. Dans ces conditions, le secteur des arrivées aura été un long chemin de croix dont Waldemar Kita se sera amusé jusque dans les derniers instants.

Valentin Rongier a finalement rejoint l’OM en qualité de Joker après la fermeture du mercato estival.

Il faut dire que le Président du FC Nantes savait parfaitement les besoins de son homologue français, au milieu de terrain notamment, après la vente de Luiz Gustavo à Fenerbache lors des derniers jours du mercato. La passe d’armes entre les deux Présidents aura mis en lumière une nouvelle fois les difficultés chroniques de Jacques-Henri Eyraud et sa direction à assurer des mercatos anticipés et réfléchis. Finalement, le montant payé pour Valentin Rongier correspond globalement à sa valeur mais l’image renvoyée pour une institution telle que l’OM n’est absolument pas reluisante. Les coulisses, AVB s’en méfie et avait surtout hâte de pouvoir construire avec son nouvel effectif et l’arrivée du milieu de terrain nantais va offrir plus d’opportunités désormais.

Des manques, encore des manques

A l’aise avec le ballon, capable de créer le danger au milieu de terrain à la première comme à la dernière passe, Valentin Rongier peut également évoluer dans un registre plus récupérateur mais aux côtés d’un autre homme qui actuellement se trouve être Strootman à Marseille. En 4-2-3-1, en 4-3-3, qui sont pour l’instant les schémas utilisés par André Villas-Boas, Rongier peut parfaitement s’incorporer en pointe basse ou en position de numéro 10 derrière Benedetto. Une position qu’affectionne également Payet, dont le rôle dans le couloir gauche est contraint par l’absence de recrue dans ce secteur de jeu. Le jeune Isaac Lihadji, pas encore professionnel, aura peut-être une carte à jouer tout comme Nemanja Radonjic décevant jusque-là, mais ce couloir gauche est globalement un point faible de cet OM.

Le poste de latéral gauche est un échec qui perdure à l’OM.

Jordan Amavi n’a toujours pas de concurrent à son poste, et là encore l’unique solution d’un spécialiste en tant que latéral gauche semble se trouver dans le centre de formation olympien avec Niels Nkounkou. Il existe également la possibilité de faire évoluer Sakai de ce côté mais le fait de devoir bricoler ou plutôt de ne pas être totalement à l’aise dans ses choix est une contrainte pour l’entraîneur marseillais. Les moyens de pression sur ses joueurs et de rotation sont limités, comme les possibilités de changer de système assez régulièrement.  Des manques oui, mais aussi une arrivée qui sonne comme une belle idée avec Alvaro Gonzalez. Avec sa hargne et ses duels gagnés, avec son assurance et son imperméabilité à la pression, il n’aura fallu que quelques jours au défenseur central pour s’imposer dans l’axe de la charnière phocéennes aux côtés d’un Bouba Kamara qu’il rend même plus serein. La dernière arrivée, la plus onéreuse, et tant désirée par André Villas-Boas avec Dario Benedetto semble également s’intégrer de la bonne manière avec deux buts lors de ses deux derniers matches. 

L’Argentin a montré en quelques minutes seulement pourquoi son nouvel entraîneur a insisté pour l’attirer et l’OM aurait été bien incapable d’espérer quoi que ce soit sans cette arrivée de l’attaquant. Sans être noyé sous les bonnes nouvelles, AVB peut au moins se consoler en se disant qu’il a échappé au pire. Florian Thauvin est toujours phocéen et son retour devrait faire beaucoup de bien à un secteur offensif encore un en dedans en ce début de saison, et le bilan du mercato est acceptable sans faire sauter au plafond qui que ce soit. Il faut dire qu’à Marseille cela fait un moment que ces sensations ne sont plus connues, et AVB doit désormais trouver les clés pour ramener Marseille là où il doit être, en Coupe d’Europe.

Emmanuel Trumer