AVB, les débuts contrastés

Arrivé cet été pour tenter de redonner vie à un projet mal embarqué, l’entraineur portugais André Villas-Boas connait des débuts mitigés. Avec des résultats en dents de scie l’intégration est correcte sans être géniale après 11 journées de Ligue 1 et un tour de Coupe de la Ligue perdu ce mercredi soir face à Monaco. Marseille est dans les temps pour une qualification européenne et un éventuel podium, mais cela est surtout dû à la mauvaise forme de ses concurrents et non pas grâce à ses propres arguments.

Délicat de juger un effectif sans son meilleur joueur, et il est impossible aujourd’hui de savoir ce que serait devenu le LOSC de Christophe Galtier sans Nicolas Pépé par exemple. Auteur de six buts en fin de saison 2017-2018, le nouveau joueur d’Arsenal avait littéralement sauvé son club de la descente avant de conclure l’année suivante à la deuxième place du championnat de Ligue 1. Privé de Florian Thauvin, Marseille est aujourd’hui dans une situation compliquée avec un élément clé sur la touche et si les hommes de Villas-Boas pointent au 7e rang à trois longueurs de la deuxième place nantaise il faut davantage y voir la faiblesse du championnat national plutôt qu’une réelle montée en puissance des phocéens. Et logiquement a-t-on envie de dire puisque les signaux sont au rouge depuis cet été dans le Sud et malgré une communication désastreuse qui consiste à mentir ouvertement à ses supporters, la réalité est en train de rattraper le duo Jacques-Henri Eyraud – Franck McCourt. C’est dans ce contexte délicat que le technicien portugais a posé ses valises, et si c’est de lui dont il s’agit impossible de ne pas évoquer l’ambiance pesante autour de la direction olympienne.

 

                                                                                 Florian Thauvin absent jusqu’à la trêve pour l’OM 

Marseille a perdu Luiz Gustavo cet été, parti pour la Turquie et Fenerbache après une proposition médiatique de JHE visiblement poliment refusée, et ne dispose d’aucun numéro 6 de métier dans son effectif. A Marseille s’il vous plait, on ne parle pas de Luka Elsner et Amiens qui doivent se creuser la tête pour construire une équipe sans argent, malgré l’immense amour que j’ai pour ce club. Comme si cela ne suffisait pas, le poste de latéral gauche est désormais à classer comme sinistré avec des tentatives désespérées mais toujours pas de recrutement pour concurrencer Jordan Amavi. Un amateurisme au niveau de la gestion, qui remonte à l’époque Rudi Garcia (argent dilapidé, en indemnité de licenciement pour l’entraîneur français notamment, désormais parti essayer l’argent lyonnais) et dont AVB hérite par conséquent. Kevin Strootman a un apport très limité en sentinelle mais a le profil qui s’en rapproche le plus sur le papier, et le changement de système opéré par Villas-Boas contre Monaco pourrait être une solution.

Quelques solutions, mais des manques à peu près partout

Sur le papier les différentes solutions existent pour le technicien portugais : en 4-3-3 comme il préfère mais avec un réel déséquilibre dans le couloir droit en l’absence de Thauvin, ou en 5-2-3 comme il a tenté ce mercredi soir face à Monaco. L’avantage de ce dernier système est qu’il est modulable selon les formes avec un Dimitri Payet qui peut être placé en soutien de deux attaquants, ou alors côté gauche dans la même configuration que son but face à Monaco. Le problème reste le pendant à droite et le fait de ne pas avoir recruté de doublure à Florian Thauvin est un vrai souci. Nemanja Radonjic commence tout juste à progresser, mais lorsque Villas-Boas doit composer avec Bouna Sarr comme élément offensif la situation est compliquée. Reste également la solution du 4-4-2, qui permettrait une double animation dans les couloirs et un réel poids offensif dans l’axe avec deux attaquants de pointe. Sur le papier cela pourrait donner : S. Mandanda ; J. Amavi ; A. Gonzalez ; DCC ou B. Kamara ; H. Sakai ; K. Strootman ou M. Sanson, V. Rongier ou M. Lopez, D. Payet, F. Thauvin ou N. Radonjic, D. Benedetto ; V. Germain.

 

                                                          Le jeune Isaac Lihadji pourrait être une solution offensive pour l’OM.

AVB avait prévenu : « Marseille a choisi de respecter le fair-play financier et nous devons composer avec » manière plus politique de dire que son club n’a pas d’argent à dépenser, et il faut désormais espérer une qualification en Ligue des champions pour que la vitrine OM fasse à nouveau rêver et redevienne concurrentielle. Si ce n’est pas le cas … même Villas-Boas se pose alors la question. Mais il est encore trop tôt pour paniquer et il faut désormais reprendre le travail pour montrer autre chose que lors des deux derniers matches. Les budgets sont une chose, l’envie et les ingrédients que l’on met dans une rencontre ne dépendent pas que de la qualité intrinsèque. Et puis s’il n’y plus rien à espérer de ce projet, de beau j’entends, il est toujours possible de se dire que le propriétaire américain rend le projet plus « vendable » avec un stade rempli de lumière et de LED. Entendez-par-là plus aguicheur pour une revente. Comme un certain Colony Capital à Paris avant eux.

Emmanuel Trumer