Arsenal, les raisons d’une métamorphose

Après de longs mois sans le moindre rayon de soleil à l’horizon, les Gunners et Mikel Arteta sont en train de connaitre une réelle transformation positive et la malheureuse défaite face à Manchester City en ce 1er janvier 2022 ne doit pas détourner Arsenal de son réel objectif : celui de poursuivre sa mue pour compter à nouveau parmi les prétendants aux places intéressantes. L’équipe londonienne a certainement réalisé le meilleur match de l’ère Arteta face à un concurrent au titre et il faudra s’appuyer sur ce contenu pour espérer pouvoir retrouver la qualification en Ligue des Champions d’abord, puis de pouvoir espérer jouer la course au titre en Premier League.

 

Il n’est jamais évident de sortir du positif après une défaite, et beaucoup diront que ce qu’il s’est passé pendant le match ne les intéresse plus une fois la rencontre terminée. C’est une réalité dans le monde professionnel, « chaque match est différent », « chaque match possède une physionomie particulière » et puis peu de temps après « trois points c’est important pour le classement ». Pourtant, la performance des Gunners face à Manchester City est une formidable raison d’être optimiste pour un club qui est en train de retrouver son ADN de jeu, son identité, celle acquise avec Arsène Wenger et qui avait totalement disparue depuis. Unai Emery a tenté de ranimer la flemme par un jeu plus audacieux, mais l’entraineur espagnol n’aura pas eu la même indulgence de la part des dirigeants que pour son successeur. Tant mieux pour Mikel Arteta et même s’il aura fallu une grosse année pour trouver son style de jeu, le temps est enfin arrivé. Il est possible de l’affirmer avec autant de conviction, en tout cas d’un point de vue personnel, car des éléments concrets prouvent cette amélioration tant au niveau du jeu, des statistiques, que des résultats.

La base même a changé puisque le schéma tactique n’est plus à l’heure actuelle celui des débuts. D’une défense à 5, Arsenal est passé à un 4-2-3-1 bien plus audacieux. Du changement sur le papier, et donc forcément dans l’équipe également avec des joueurs beaucoup plus à l’aise individuellement aujourd’hui. Dans les couloirs nous retrouvons évidemment Bukayo Saka, Gabriel Martinelli ou Emil Smith Row au choix, trois joueurs extrêmement intéressants et qui forment un alléchant circuit de passe avec le maitre à jouer Martin Odegaard dans l’axe en soutien de Lacazette. L’effectif des Gunners est talentueux, encore fallait-il en prendre conscience.

Pour se détacher de Pep Guardiola peut-être, à tort en tout cas, Mikel Arteta avait décidé d’envoyer balader absolument tous les principes de jeu qu’il connaissait lors de son arrivée à Arsenal. D’un bloc bac, peureux, qui souffrait constamment sous les assauts des adversaires, Arteta en a fait une équipe capable d’aller effectuer un pressing intéressant haut sur le terrain pour gêner la relance de Manchester City. Les Citizen ont certes eu la possession du ballon, mais ils ont rarement été gêné dans la construction du jeu comme ce fut le cas ce samedi. L’un des paramètres ici est une équipe d’Arsenal qui court bien plus que par le passé, avec une activité à la perte de balle beaucoup plus importante. Il s’agit certainement aussi de l’explication à l’absence de Nicolas Pépé, qui peine encore à montrer une intensité et un volume de jeu satisfaisants.

 

Assumer un statut en Premier League

 

Les Gunners ont profité de l’absence d’un attaquant digne de ce nom dans l’équipe adverse ce samedi, mais cet élément n’avait pas empêché un cinglant 5-0 au match aller à Manchester. La donne est complètement différente aujourd’hui, et l’avenir peut sembler radieux du côté d’Arsenal pour plusieurs raisons. Pour pouvoir revenir tout en haut de la Premier League et retrouver la grandeur qui a fait ce club, Arsenal aura l’obligation de poursuivre avec cette même idée de jeu et avec la voie empruntée depuis des semaines désormais. Continuer à travailler avec ballon et avec la possession car ce sera le cas face à beaucoup d’adversaire, tout en ayant cette capacité à concéder un peu de création pour gagner en solidité face à des ogres. C’est une vision du foot qui me plait, et qui est je le pense désormais ancrée dans l’esprit de l’entraineur Mikel Arteta. En termes de qualité pure, l’effectif des Gunners n’est pas encore taillé pour jouer le titre en Premier League. Des erreurs ont été commises dans le recrutement et il faudra certainement attendre l’été prochain et deux fenêtres de mercato pour espérer retrouver de l’ambition, une qualification en Ligue des Champions étant indispensable pour attirer les meilleurs joueurs.

C’est en tout cas dans les cordes de l’équipe actuelle, qui semble particulièrement armée offensivement et encore fragile dans le secteur défensif. Mais face à ce qui se fait de mieux au monde certainement, en tout cas face à ce qui est le plus fort peut-être, Arsenal a montré que ce n’était pas un ballon d’entrainement dans lequel on pouvait frapper sans repos. Un numéro 10, deux ailiers, un attaquant. Deux milieux plus travailleurs avec Partey et Xhaka, puis quatre défenseurs devant un gardien. Le football est déroutant de simplicité parfois, lorsqu’il est accompagné des bonnes consignes. La présence offensive que permet ce schéma est fantastique, et sera très utile dans un contexte de match plus abordable. Face à des blocs regroupés c’est cette présence et ces projections vers l’avant qui feront pencher la balance du côté d’Arsenal, tout en ajoutant une capacité à conserver le ballon puis à déstabiliser des défenses avec peu d’espace.

Arsenal aurait dû ressortir de son duel avec un point au minimum ce samedi, mais là ne doit pas être focalisée l’attention puisque les décisions arbitrables ne seront pas toujours à contre sens. Le contenu est bon, en progrès, et le travail effectué à l’entrainement se voit sur le terrain. La mentalité et l’approche du football par la direction sportive des Gunners a changé, le contenu a suivi. Arsenal doit désormais reprendre sa marche en avant, celle qui l’a vu remporter les cinq matches précédant celui face à Manchester City, et l’objectif de retrouver la Ligue des Champions ne m’a jamais semblé aussi proche.

Emmanuel Trumer