Monaco, le malaise de l’arbitrage

Après quatre journées de Ligue 1 l’AS Monaco n’a toujours pas connu le moindre succès et si les raisons de ce démarrage raté sont multiples, le club du Rocher est régulièrement victime d’un arbitrage à sens unique. Pour Monaco, le fameux dicton qui veut que les décisions arbitrales s’équilibrent au fil du temps ne semble pas exister et s’il peut paraitre délicat de stigmatiser des décisions sur un club lorsque les erreurs existent partout et sur tous les terrains, la répétition des évènements à l’encontre des Monégasques interroge.

« Le VAR doit permettre de parler de jeu et rien que de jeu, terminé les interminables débats sur l’arbitrage digne des plus grandes conversations de bistrot » pouvait-on entendre à tout-va il y de cela quelques mois encore avant l’intronisation officielle du système de vidéo d’aide à l’arbitrage. Quelques semaines après pourtant, le résultat n’a jamais semblé aussi inquiétant et malgré une aide non-négligeable dans certains cas précis ou l’arbitre aurait raté un évènement à vitesse réelle, le sujet de l’interprétation est toujours au cœur du sujet. L’interprétation de l’arbitre donc, dont Monaco ne semble jamais avoir les faveurs même lorsque la situation pourrait s’y prêter volontiers comme lors du dernier déplacement de l’ASM à Strasbourg. Mais globalement Monaco subit un arbitrage à sens unique depuis le début de cette saison et sans tomber dans une quelconque paranoïa il est tout de même intéressant de se pencher sur les quatre premiers matches de l’équipe de Leonardo Jardim pour y décortiquer son traitement. 

Il n’aura fallu attendre que trente minutes en ouverture de cette nouvelle saison monégasque pour y voir le premier fait de jeu notable avec l’expulsion de Cesc Fabregas face à Lyon. Présent dans la surface de réparation adverse pour essayer de jouer un ballon qui lui échappe, l’Espagnol laisse trainer le pied et accroche Léo Dubois qui s’écroule devant l’arbitre. Ruddy Buquet n’hésite pas et adresse un carton jaune à Fabregas dont le geste est évitable mais pas méchant et sans risque de blessure pour l’adversaire à cette vitesse. La vidéo intervient alors et demande à l’arbitre d’aller voir les images au bord de la pelouse, et après cinq bonnes minutes à décortiquer des ralentis Monsieur Buquet change la couleur du carton jaune en rouge. Si ce dernier a pu faire évoluer sa décision en face des images malgré l’absence de blessure pour le joueur lyonnais, la suite est une vaste plaisanterie pour Jardim et ses joueurs qui n’auront même pas le droit à la faveur des ralentis le week-end dernier à Strasbourg mais j’y reviendrai. 

Cesc Fabregas, expulsé sévèrement lors du premier match de Ligue 1 de la saison face à Lyon.

Chacun peut revoir les images de Monaco-Lyon et se faire une opinion sur la dureté de cette décision à l’encontre de Fabregas, personnellement je trouve cela très sévère et surtout annonciateur d’une cascade de décisions à l’encontre de l’ASM. Lors des trois premières rencontres de Ligue 1, Monaco aura tout simplement vu un de ses joueurs expulsés et le deuxième cas de figure à Metz prête également au débat puisque juste avant le tacle de Ruben Aguilar sanctionné d’un rouge direct, Henry Onyekuru est accroché dans la surface messine. L’action n’est pas arrêtée et là encore l’arbitre du match aurait pu aller vérifier les images dans ce contexte mais c’est surtout quelques minutes auparavant lorsque Kamil Glik est sanctionné d’un penalty pour une main dans sa surface que l’irréel à fait surface. Mis en perspective deux semaines plus tard, la décision de ne pas utiliser les images et la vidéo pour la main flagrante de Stefan Mitrovic avec Strasbourg dans un schéma similaire est absolument honteuse et prête à interrogation. 

Monaco, un arbitrage à sens unique 

L’ASM termine son deuxième match de la saison avec un penalty concédé et un nouveau joueur expulsé et déjà la désagréable impression d’un arbitrage à deux vitesses fait très franchement surface. La troisième rencontre face à Nîmes est certainement la moins polémique mais tout de même ponctuée d’une troisième expulsion pour un tacle dangereux de Jemerson et là encore le comportement de l’arbitre de la rencontre interroge. La décision est cette fois plutôt logique mais le principe de se déplacer vers les images au bon vouloir de l’arbitre est un élément qui ne va pas pouvoir durer encore bien longtemps. Cette mascarade pourrait faire penser à un moyen de contrôler plus ou moins le déroulé des matches tout simplement.

Loin de moi l’idée d’affirmer que l’intronisation de la vidéo est un moyen de triche plus que de recherche de la vérité mais son utilisation fait en tout cas penser à quelque chose de nauséabond. Le mot est fort mais une utilisation uniforme est absolument nécessaire pour chasser les moindres doutes quant à cet outil dont l’arrivée provoque pour le moment plus de problèmes que de solutions. Dans des proportions assez incroyables. Si une âme charitable arrive à m’expliquer quelle est la différence entre la main de Kamil Glik sanctionnée face à Metz et celle de Stefan Mitrovic non sifflée lors de la dernière journée je suis preneur et surtout pour quelle raison les arbitres décident ou non de se déplacer à la vidéo. Comment est-ce possible que Monsieur Delajod ne juge pas nécessaire de se déplacer lui-même à la Meinau ? Il n’y absolument aucune raison et dans le cadre de l’ASM la facture commence à être très lourde. Pour couronner le tout, un penalty est sifflé dans les minutes suivantes en faveur de Strasbourg et après utilisation de la vidéo par l’arbitre central cette fois. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Thierry Henry s’était déjà plaint de l’arbitrage contre Monaco lorsqu’il était entraineur de l’ASM.

Hormis les points perdus sur ces nombreuses situations depuis le début de saison, Jardim perd des éléments pour plusieurs rencontres et le mercato tardif de son club n’a pas aidé à combler des facteurs contraires trop puissants. Au rayon des décisions favorables le bilan est assez simple puisque depuis le coup d’envoi de la Ligue 1 l’ASM ne peut se targuer d’aucun favoritisme et la seule bonne nouvelle réside dans le fait d’avoir terminé un match à 11 pour la première fois de l’année à Strasbourg le week-end dernier. Avec un penalty manifeste, Monaco aurait pu être arbitré correctement une rare fois, mais décidément l’ASM n’est pas dans les petits papiers de la Ligue. Thierry Henry alors entraîneur de Monaco s’était déjà plaint d’un VAR ne fonctionnant pas à l’issue d’un match face à Strasbourg l’an dernier, et si depuis Jardim est revenu sur le banc monégasque la vidéo ne semble toujours pas fonctionner pour l’ASM.

Emmanuel Trumer