Monaco, le prochain rocher à gravir

Tenu en échec par Troyes (2-2) pour le compte de la 26e journée de Ligue 1, Monaco manque l’occasion de créer l’écart avec Lens et pourrait même voir Rennes revenir à deux points dans la course au podium. Éliminée de la Ligue des Champions puis de la Ligue Europa, éliminée de la Coupe de France également, l’AS Monaco n’a plus que la Ligue 1 pour tenter de sauver une saison décevante une nouvelle fois.

Plombé par une première période et plus globalement une heure de jeu défaillante dans le contenu, Monaco n’a pu ramener mieux qu’un point de son déplacement pourtant très important à Troyes. Plombée également par son gardien de but, l’ASM est tout de même parvenue à mener au score à quelques secondes de la fin du match mais la meilleure dernière demi-heure n’a pas suffi en partie à cause d’un Nubel absent. Dans le match qui a opposé les deux derniers remparts, Gallon et Nubel, le premier a clairement pris l’avantage et Nubel n’a jamais su se montrer décisif comme trop souvent cette saison.

Une défaillance individuelle notable, qu’il faudra corriger cet été, mais Monaco ne peut pas se contenter de cette analyse et de cette donnée pour expliquer les déceptions sportives successives. L’effectif monégasque est armé, pensé pour faire face à un calendrier chargé notamment par les différentes Coupes et la qualité individuelle est bien présente. Il faut donc chercher ailleurs et dans le contenu proposé collectivement par cette équipe, dans les choix effectués par l’entraineur Philippe Clément. Dès que l’opposition proposé à Monaco demande une capacité à agir et à s’adapter, le coach monégasque ne parvient pas à y répondre.

L’ASM stagne dans le jeu, dans les résultats, et l’été qui s’annonce sera peut-être l’occasion de nouvelles ambitions par le club. Avec Clément si ce dernier arrive à installer un fond de jeu et obtenir la deuxième place de Ligue 1, sans lui si les lacunes dans le contenu persistent. Clément est pourtant parvenu à obtenir une bonne série de résultats en championnat de France comme lors de la saison dernière et les dix matchs sans défaite dont les neuf victoires qui ont permis d’accrocher la troisième place. Le problème est qu’il ne s’agit pas d’une continuité et d’une constance qui pourrait permettre à Monaco de se positionner à la hauteur de ses objectifs réels.

Le Prince n’est pas arrivé sur le Rocher

Clément ne possède pas de conviction très forte et très marquée d’un point de vue tactique. Tous les bons résultats monégasques ont été obtenus avec un 4-4-2 basique, et lorsque l’entraineur bascule sur son schéma à cinq défenseurs le résultat est catastrophique comme lors du derby face à Nice il y a quelques jours de cela pour la 25e journée de Ligue 1 et une défaite 3-0.

L’embellie monégasque cette saison coïncide avec l’intronisation de Ben Seghir comme titulaire, et l’absence du meneur de jeu face à Troyes ce dimanche s’est clairement fait ressentir. Les deux attaquants Volland et Ben Yedder ont été peu trouvés par Matazo et Fofana dans l’axe, par Diatta à droite également, et finalement c’est le seul Golovin qui a tenté de créer dans un néant assez global. Positionné à gauche, il ne peut animer deux zones en même temps et l’axe du terrain n’est pas une donnée prise en compte par Philippe Clément. Troyes a profité de ces lacunes tactiques adverses pour ouvrir le score en première période avant de reculer et de subir totalement le jeu au cœur de la seconde période.

Ben Yedder a pu exister offensivement grâce à l’entrée d’Embolo puis la classe technique de Golovin, et inscrire un doublé qui a récompensé la meilleure séquence dans le jeu côté monégasque. Insuffisant tout de même pour l’emporter ce dimanche face à Troyes et pour répondre aux ambitions légitimes de l’AS Monaco. Que ce soit par le schéma tactique collectif, le choix individuel des joueurs pour animer cela, Philippe Clément ne semble pas pouvoir permettre à Monaco de gravir un nouveau Rocher. Pourtant nécessaire à l’évolution du club. Monaco possède le co-meilleur buteur de Ligue 1 avec Ben Yedder, possède également des individualités très complètes permettant de mettre en place toutes les idées de jeu, mais ne possède pas un entraineur capable de sublimer le tout.

Certes, Clément permet à Monaco de bénéficier d’une tranquillité absolue concernant les ventes de joueurs, avec une docilité totale de l’entraineur sur ce sujet, mais est-ce suffisant pour être le Prince du Rocher ?

Emmanuel Trumer