Ripoll, l’incompétence à l’état pur ou l’autopsie d’un désastre

Un petit tour et puis s’en va, l’Équipe de France de football est d’ores et déjà éliminée des Jeux Olympiques de Tokyo après sa défaite 4-0 face au Japon ce mercredi. Un score lourd, logique, qui vient punir une équipe sans âme, sans idée de jeu, et livrée à elle-même tout au long de cette compétition. Le marasme a commencé face au Mexique avec quatre buts encaissés, et se termine de la même manière. A l’heure du bilan, si ce n’est pas le seul élément, Sylvain Ripoll a une nouvelle fois montré toutes ses lacunes et son absence de connaissance footballistique.

Tous les signaux étaient au rouge, absolument tous, et l’Équipe de France de football s’est fait humilier sans surprise à Tokyo lors des Jeux Olympiques. Après un Euro Espoirs raté cette année, avec une élimination au premier tour après la phase de groupes, les chances d’une médaille à Tokyo n’existaient quasiment pas. Ce qui était moins prévisible par contre, c’était d’afficher un niveau si catastrophique que la France allait devenir la risée du tournoi olympique. Onze buts encaissés en trois matches, une faiblesse abyssale dans le jeu, et une dernière place on ne peut plus logique qui montre toutes les limites de ce groupe dirigé par Sylvain Ripoll. Si d’autres éléments peuvent expliquer ce fiasco, comme un groupe amputé de ses meilleurs éléments (ceux de l’Euro Espoirs 2021 notamment) il faut également dire que cela est le cas pour toutes les autres nations à l’exception peut-être de l’Espagne, que les Bleus n’ont pas affronté. Face au Mexique, à l’Afrique du Sud, et au Japon, ce sont bien les carences des Bleus qui ont permis à leurs adversaires de dérouler, et qui ont contraints les Tricolores à se faire humilier. Le principal responsable de ce carnage made in France n’est autre que le sélectionneur de cette équipe, Sylvain Ripoll, dont la dernière aventure en club s’est soldée par une relégation en Ligue 2 avec Lorient, et qui va quitter les Bleus sur un fiasco mémorable. Pour ma part, il ne me semble pas avoir vu une équipe professionnelle aussi faible depuis un bon bout de temps, peut-être même jamais, et ce qui a été mis en place par l’entraîneur pourrait prêter à sourire s’il ne s’agissait pas des Olympiades.

Face au Mexique d’abord, c’est dans un 4-3-3 basique que Ripoll a entamé la compétition mais sans aucune idée d’animation pour son schéma. Plusieurs fois, nous avons vu des joueurs déboussolés sur la pelouse, sans savoir quoi faire avec ballon et perdus lorsqu’ils s’en débarrassaient péniblement. Pas de consigne, ni individuelle ni collective, et un score de 4-1 totalement logique face à une belle équipe du Mexique. On aurait pu se dire que c’était un accident, que les Bleus n’étaient pas encore entrés dans leur tournoi, un accident de parcours en quelque sorte, mais c’est bien mal connaitre la capacité de Sylvain Ripoll d’emmener toujours plus bas son équipe. Par des choix désastreux, incompréhensibles, les Bleus ont coulé ce mercredi face au Japon. Même la victoire face à l’Afrique du Sud entre temps (4-3), n’a pas permis un sursaut d’orgueil. Il aura fallu un Gignac des grands soir, auteur d’un triplé et d’une passe décisive, pour venir à bout des sud-africains, mais le bilan collectif était tout aussi mauvais qu’il l’avait été face au Mexique et qu’il le fut face au Japon. Il y a simplement eu moins de répondant en face lors du 2e match.

Imaginez une seconde, que les seuls ingrédients positifs à tirer du deuxième match et de la victoire des Bleus, à savoir une présence offensive dans un schéma différent en 4-4-2 et un Gignac mieux soutenu devant ont été enlevé lors du troisième match face au Japon pour une défaite 4-0. Retour à trois au milieu, un attaquant en moins, et des choix individuels tout aussi incompréhensibles (Présence de Caci, présence de Michelin, Pembélé à gauche, Tousart au milieu) et il est strictement impossible de ne pas tirer à boulets rouges sur le principal responsable de ce massacre, l’incompétent Sylvain Ripoll.

Noël Le Graet devrait apprendre de ce fiasco

 Puisqu’il paraît que nous pouvons apprendre à tout âge dans la vie, cette leçon devrait servir à Noël Le Graet qui est également l’un des responsables de cet incroyable échec, le patron de la fédération française de football est celui qui a confié les rênes de cette équipe de France à son ami Sylvain Ripoll. Maintenu après un premier désastre à l’Euro Espoirs, Ripoll a gardé la confiance aveugle d’un Le Graet dépassé par les évènements, et incapable de percevoir la faiblesse abyssale de son sélectionneur. En France, avoir des entraîneurs « maison » dans les catégories de jeunes est une habitude, en choisissant davantage sur la proximité amicale que sur les connaissances footballistiques, mais nous avons ici atteint un point assez inimaginable. Les autres compétitions, que ce soit l’Euro Espoirs ou la Coupe du Monde Espoirs passent assez inaperçu aux yeux du grand public, avec des spectateurs au profil très football. Ici, aux Jeux Olympiques, une compétition pour laquelle les autres sportifs s’entrainent pendant quatre ans et qui est l’aboutissement d’une vie, c’est un désastre à grande échelle. Une mascarade qui peut bien entendue être masquée par l’absence de certains joueurs, ou par une préparation courte, mais il faut tout de même savoir que la Côte d’Ivoire (un pays que j’affectionne particulièrement) est sorti d’un groupe avec le Brésil tenant du titre et l’Allemagne en ayant seulement affronté le club d’Abidjan City en préparation.

Non, le problème principal est ailleurs. Et il se trouve sur un banc de touche beaucoup trop grand pour un Sylvain Ripoll qui devrait certainement être en train de signer des licences dans un bureau de la fédération plutôt que de penser à des schémas tactiques. Un coach peut avoir une philosophie de jeu qui ne nous plait pas, ce sont des choix, des ressentis, mais il ne peut pas ne pas avoir d’idée de jeu du tout, ne pas savoir si son équipe doit évoluer bas pour contrer, ou haut pour imposer du jeu. Il ne peut pas non plus ne pas choisir les bons profils, ne pas mettre des latéraux sur leur pied fort, ne pas faire les bons changements. C’est impossible. De mémoire personnelle, je n’ai jamais vu un entraîneur aussi largué que celui qui a dirigé l’Équipe de France de football aux Jeux Olympiques de Tokyo.

Reste maintenant à espérer un meilleur choix pour la succession à la tête de cette Équipe de France Espoirs, avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de 2024 organisés en France et pour lesquels de toute façon il ne sera pas possible de faire pire. Certains joueurs auraient même refusé de se libérer car ils connaissaient le néant absolu qui allait les diriger, et il faudra alors faire le bon choix du côté de Noël le Graet d’ici 2024 pour construire une équipe intéressante, et enfin montrer que la formation de la FFF n’est pas qu’une vaste plaisanterie.

Emmanuel Trumer