Leonardo Jardim, l’amour est sur le côté

Après une première défaite plutôt cinglante face à l’Olympique Lyonnais pour l’ouverture de la saison de Ligue 1, Leonardo Jardim est déjà pointé du doigt par certains. Entre un scénario rocambolesque la saison passée, départ puis retour, et un mercato actuel plutôt amorphe, l’entraîneur portugais semble revivre les mêmes moments que l’année dernière, celle qui avait justement mené à sa rupture temporaire avec Monaco. Alors, alerte sur le Rocher ?

Pour évaluer tous les problèmes qui s’accumulent actuellement du côté du Monaco, il faut revenir quelques mois, voire quelques années, plus tôt et se souvenir alors de la configuration qui avait permis à Leonardo Jardim de détrôner le PSG pour faire de son équipe l’une des plus redoutables d’Europe. Un demi-finaliste de Ligue des Champions, qui depuis ne cesse de dégringoler entre choix incompréhensibles et gestion frileuse. Alors qu’est-ce qui a bien pu changer depuis cette fameuse année 2017 me direz-vous, pour que ce Monaco si puissant soit devenu un candidat au maintien la saison dernière, puis un club hybride actuellement, entre espoirs d’arrivées futures et un premier match déjà chaotique. 

La réponse est simple : à peu près tout. J’avais déjà évoqué le rôle de Luis Campos à Monaco, qui s’occupait du recrutement pour Jardim et dont le passage aura rapporté quelques 500 millions d’euros dans les caisses du club de la principauté. Des montants qui auront fait vaciller les têtes russes, commissionnées au transfert, et Vasyliev a dû laisser sa place tout en haut de la hiérarchie monégasque. 

Luis Campos et Leonardo Jardim, lorsqu’ils étaient réunis à Monaco.

L’ASM a connu des secousses dans les hautes sphères, depuis le départ de Lui Campos, mais également dans le secteur sportif, forcément ou presque. C’est là que le rôle de Jardim est intéressant à analyser puisqu’un entraîneur qui est parvenu à mener une équipe au titre de Champion de France devant un mastodonte comme Paris, qui est également parvenu à éliminer le City de Guardiola en Ligue des champions ne peut pas avoir perdu ses idées en l’espace de quelques mois. L’une des raisons se trouve à mon sens dans le lien sportif qui unissait Leonardo Jardim et Luis Campos, à savoir le fait que le directeur sportif connaissait parfaitement le profil de son entraîneur et les joueurs qu’il devait lui mettre sous la main. 

Jardim, un profil particulier 

Pour comprendre Jardim sur le plan tactique, il faut se rappeler de son équipe à son meilleur niveau, à savoir en 2017. A ce moment-là, le schéma de Jardim est clair, simple. Il varie peu, et son 4-4-2 est une machine redoutable sur plusieurs points. En tout premier lieu les côtés, l’animation principale de son système, avec Benjamin Mendy et Bernardo Silva dans le couloir gauche, et Djibril Sidibé – Kylian Mbappé sur le côté droit. Cette équipe est une machine implacable dans les couloirs et les centres dans la surface de réparation adverse pleuvent à chaque rencontre. C’est la première arme de Leonardo Jardim, qui avec ce système à deux pointes et deux ailiers a développé l’un des jeux les plus attrayants du continent. 

Son équipe avait également la particularité de pouvoir se permettre cet allant sur les côtés pour une raison toute simple, la couverture de Fabinho au milieu de terrain. Sans parler de l’apport d’un Tiemoué Bakayoko également important, mais le Brésilien désormais à Liverpool et titulaire chez le vainqueur de la Ligue des champions avait un rôle primordial. Lorsque l’on se penche sur le groupe actuel de Leonardo Jardim, il semble impossible pour lui d’appliquer à nouveau ce schéma même si ce n’est pas l’envie qui manque. Empêtré dans une défense à 5, il n’a plus de solution crédible dans le couloir gauche, et surtout plus de buteur pour reprendre les centres. Radamel Falcao est sur le départ, et en attendant l’arrivée de Wissam Ben Yedder c’est le vide absolu. Face à Lyon, c’est Cesc Fabregas qui a dû soutenir offensivement le jeune Lyle Foster pour le résultat que l’on connait. Et en privé, Leonardo Jardim laisse transparaitre les mêmes signes d’agacement que l’été dernier, alors la situation est pressante. 

Le mercato, Monaco ne peut y échapper

Réticent à investir sur le marché des transferts, l’AS Monaco se cherche en réalité une réelle ligne directrice depuis le départ de Luis Campos. Le directeur sportif Michael Emenalo a été débarqué cet été, et Jardim semble désormais seul aux commandes. L’entente avec le désormais ex directeur sportif du club du Rocher était de toute façon exécrable, à l’inverse de celle avec Campos quelques mois plus tôt. Il reste désormais un peu plus de deux semaines à Jardim et ses dirigeants pour renforcer leur équipe d’une manière logique, avec Henry Onyekuru pour apporter une solution dans le couloir gauche, avec Jeff Reine-Adélaide pour apporter une solution au milieu de terrain, et avec Wissam Ben Yedder pour remplacer Falcao devant. Ensuite, Monaco pourra se pencher sur le cas de son milieu défensif dont plusieurs noms ont été évoqués en interne (Danilo Pereira, Steven Nzonzi, Tiemoue Bakayoko). 

L’arrivée de Wissam Ben Yedder devrait soulager le secteur offensif de l’AS Monaco.

Ces arrivées permettront à Monaco de présenter une équipe bien plus cohérente, dans laquelle Jemerson et Henrichs ne joueront pas milieu de terrain, et ou Lyle Foster et ses 18 ans ne trôneront pas à la pointe de l’attaque d’un candidat à l’Europe. Leonardo Jardim pourra ainsi retrouver son 4-4-2, Monaco ses espoirs, et les supporters leur mémoire. 

Emmanuel Trumer